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Tragédie française : Histoire intime de la Ve République par Franz-Olivier Giesbert

CONTRIBUTION / OPINION. Après Le Sursaut qui auscultait les années gaullistes et La Belle Époque qui se penchait sur les périodes Pompidou et Giscard, Franz-Olivier Giesbert s’attarde, dans le dernier volet de son triptyque, Tragédie française (Gallimard, janvier 2024), sur la période qui va de la présidence de Mitterrand en 1981 à celle de Macron. En toile de fond : les grands bouleversements mondiaux, comme le bicentenaire de la Révolution, le démantèlement de l’URSS ou le 11 septembre 2001.

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« Comment en est-on arrivé là ? », tel est le fil conducteur de l’auteur qui distille les anecdotes sur les principaux acteurs politiques qu’il a côtoyés de près au fil des ans, eu égard à son statut de journaliste/rédacteur en chef ou biographe.

Doté d’un indéniable sens du récit, le fougueux FOG nous fait entrer en catimini dans les couloirs de la Ve République, tout en interpellant nos propres souvenirs parfumés de scènes de films, de littérature ou de tubes musicaux. Un peu comme le ferait un tonton sympathique qui, un soir de Noël, veut nous rappeler qu’il tutoyait le pouvoir, mais qu’il fut aussi un sacré noceur doublé d’un indéfectible amoureux de la France, des lettres et des idées politiques.

D’ailleurs, dans ce dernier volet, on sent qu’il assume peut-être davantage son côté droitiste (libéral-libertaire) que dans le précédent, tout en mélangeant l’ambiguïté en se disant disciple de Jacques Julliard. Historien et phare de la « deuxième gauche » qui nous a quittés en 2023.

Plume élégante donc, celui qui faillit remporter le prix Goncourt, nous rappelle-t-il, est aussi parfois vachard, à la satisfaction du lecteur qui préfère la méchanceté gratuite à la gentillesse payante.

Ainsi, au sujet de ces acteurs politiques qui ressortent des boules à mites ces temps-ci, tel de Villepin, « cet homme qui ne parle jamais que de lui », il dira aussi : « […] narcissique foutraque, il n’avait pas eu le temps bien sûr, de me remercier ensuite » à propos de l’aide que l’auteur lui apporta pour avoir repassé sur l’un de ses manuscrits sur Napoléon. Jack Lang est comparé à « ces richissimes veuves américaines, au visage aussi tendu qu’un arc, après plusieurs ravalements ». Quant à Macron, dans un chapitre pertinemment nommé L’Avènement du frivolet, il est écrit qu’il passait pour un vieux schnock lorsqu’il émettait des réserves à son endroit...

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