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« Universaliste » ou « unis vers sa liste ? »

OPINION. Après un universalisme colonial voulant exporter les valeurs occidentales à travers le monde, nous assistons à l'avènement d’un identitarisme presque tribal. Il est pourtant possible de concevoir un universalisme respectueux des différences multiples.

/2023/02/universalisme


« Unis vers l’uni » chantait Michel Jonasz en 1985. Son plus grand succès, hymne au rêve politique œcuménique de la gauche depuis Condorcet, propulsant l’idée du progrès de l’humanité en mythe fondateur de la notion d’un universalisme de la raison, après celui, obsolète, du prosélytisme religieux, qui avait fondé les croisades et le jihad, pour ne parler que de l’aire occidentalporientale la plus connue de nous.

Mais là aussi, on peut, au regard de l’Histoire, questionner la solidité et la véracité du concept. Avant de mourir, Desproges a déclaré : « Je ne connais qu’un seul “progrès” : celui de mon cancer. » Les anciens ou les nietzschéens croyaient plutôt aux cycles naturels ou politiques. C’est cette idée des Lumières qui a pourtant légitimé le colonialisme planétaire et l’eugénisme nazi, puisque la croyance en des civilisations supérieures autorise alors toutes les horreurs faites au nom du « progrès ».

Quelle différence cet universalisme ravageur a-t-il avec son ancêtre, celui du prosélytisme religieux à l’œuvre dans les guerres de religion ? Je n’en vois guère : massacrer au nom d’un Dieu, qu’on le nomme Jésus, ou Allah, ou au nom de la raison dite « universelle », c’est toujours massacrer !

L’argument principal des indigénistes et des minorités (unis tous et chacun vers sa liste raciale, identitaire ou genrée) aujourd’hui dans le rejet de « l’universel » est celui-là : l’Occident a voulu occidentaliser le monde au nom de l’universalisme. Peut-on leur donner tort ? Certes pas, mais le remède qu’ils proposent semble être pire que le mal qu’ils évoquent, l’antiracisme ou l’identitarisme de genre ou de sexe étant une forme de rejet des autres et de racisme…

Dès lors se pose la question suivante : à l’heure de la mondialisation uniformisante, de la disparition et du recul des singularités (langues, ethnies, peuples, nations. civilisations anciennes), quel « universalisme » pourrait réaliser ce rêve d’unification de l’espèce humaine, et ce...

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