Une télévision représentative de la société. Voilà l’horizon poursuivi sans relâche par le gendarme de l’audiovisuel, qui scrute la « diversité » dans le PAF depuis 2009. Cette année encore, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) publie son rapport sur « la représentation de la diversité de la société dans les médias ». Le cru de cette année analyse l’évolution de 2013 à 2023. Bienvenue dans cet étrange nouveau monde, où l’on s'accoutume désormais à compter le nombre d’infirmes, de femmes, de diplômés, de blancs et de noirs à la télévision française.

Car il ne s’agit pas simplement de veiller à ce que la télévision soit en phase avec la société – objectif louable, à l’heure où la fracture entre les élites médiatiques et les différentes strates de la population aggrave la crise démocratique –, mais bien de passer en revue les programmes télévisés à l’aune de critères plus ou moins universalistes. Ces critères, au nombre de sept (l’origine, le « genre », le handicap, l’âge, la catégorie socio-professionnelle, la situation de précarité et le lieu de résidence), « ne désignent pas la représentation réelle des catégories visées, mais uniquement leur perception par le public », précise le rapport, qui, dans sa démarche méthodologique, veut s’en tenir à ce que le téléspectateur est supposé percevoir.

Où sont les ouvriers ?

Et dans cette optique, il y aurait encore de nombreux efforts à faire. On observe notamment que les catégories d’âge sur les marges, les 0-20 ans et les +65 ans sont encore largement sous-représentées. Après s’être améliorée depuis 2013, la représentation des jeunes se stabilise à 8%, alors que cette classe d’âge représente 23% de la population. À l’inverse, les 35-49 ans occupent 40% de l’écran, tandis qu’ils ne constituent que 19% de la population. Les femmes sont également plus présentes à l’écran...