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Affaire Merwane Benlazar : la quintessence de l’illusion du multiculturalisme

CONTRIBUTION / OPINION. L’histoire de Merwane Benlazar n’est pas un événement majeur qui changera la destinée de la France. Pourtant, elle illustre parfaitement l’échec du multiculturalisme tel qu’il est conçu aujourd’hui.

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Crédits illustration : capture d'écran YouTube ©C à vous


Un humoriste d’origine arabe intervient sur une chaîne du service public. Sa chronique se passe bien, mais son apparence vestimentaire – un pull et un bonnet qui rappellent, de loin, une tenue traditionnelle – fait débat. Rapidement, d’anciens tweets sont exhumés. Sortis de leur contexte, certains y voient une proximité avec l’islamisme, mais donnons à M. Benlazar le bénéfice du doute. Ce qui est certain, en revanche, c’est que M. Benlazar exprime une hostilité marquée envers la France, ses institutions, sa police et ses traditions. Dès lors, l’affaire prend de l’ampleur.

D’un côté, on met dans la boîte « salafiste », c’est-à-dire « terroriste », ce qui est avant tout une détestation de la France. De l’autre côté, on met dans la boîte « raciste » ou « islamophobe » ce qui est une défense des us et coutumes et une peur de l’islam. Ces mots sont choisis parce qu’ils sont pénalement répréhensibles, et cette judiciarisation du débat est un premier problème. Mais avec l’affaire Benlazar, une problématique encore plus fondamentale se pose : le multiculturalisme est-il réellement viable ? Avec la question de la construction européenne, nous tenons là l’une des dernières utopies du XXIe siècle. La troisième utopie, la mondialisation heureuse, est déjà morte.

L’utopie multiculturaliste face à la réalité


Le multiculturalisme est souvent présenté comme une évidence dans les sociétés modernes, soit comme une richesse indiscutable, soit comme une menace existentielle. Pourtant, il mérite d’être examiné avec rigueur, loin des dogmes idéologiques. La gauche, imprégnée d’une haine de soi et d’un culte de l’altérité, valorise la diversité sans en questionner les effets concrets. La droite, obsédée par l’altérité, perçoit toute différence comme un risque. Mais derrière ces postures, une interrogation demeure : comment différentes cultures aux valeurs parfois opposées peuvent-elles coexister harmonieusement au sein d’une même nation ?

Le philosophe Charles Taylor défend l’idée qu’une reconnaissance mutuelle des identités...

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