Réforme des retraites

Frédéric Farah : « La réforme des retraites, c’est l’austérité à l’horizon »

ENTRETIEN. Frédéric Farah est économiste, chercheur affilié au laboratoire PHARE de la Sorbonne (Paris I) et enseignant. Auteur à la rentrée d’un remarquable essai, Fake State, chez H&O, il analyse pour nous les dernières déclarations gouvernementales au sujet de la réforme des retraites, et ses implications.

/2020/12/Bruno Le Maire, réforme des retraites, Union européenne

Front Populaire : Bruno Le Maire a annoncé dimanche que la réforme des retraites était pour lui une « priorité absolue » pour rembourser la dette du Covid. Pouvez-vous nous expliquer le rapport ?

Frédéric Farah : Comprenez bien le sens du propos du ministre, l’austérité est l’horizon. Le gouvernement non sans un certain cynisme explique à qui veut bien l’entendre qu’il est nécessaire de rembourser à terme la dette ou encore qu’il « faut contrôler la trajectoire budgétaire ». C’est la communication préparatoire et comme il n’entend pas engager une politique qui reviendrait sur les cadeaux fiscaux antérieurs et œuvrer pour une politique de justice sociale, alors il lui reste la voie de la réduction de la dépense publique. Or cette dernière est essentiellement sociale et plus précisément, les plus importants postes sont la « retraite » et la « maladie ». Il souhaite ainsi poursuivre en amplifiant les réformes antérieures qui ont eu pour conséquence d’allonger la durée de cotisations, et de rogner les pensions de retraite. Cette fois ci, ce sera à plus grande échelle, en introduisant une réforme dite systémique avec la fameuse retraite à points qui sera une fabrique d’inégalités encore plus amples. N’oublions pas que pour bénéficier de la manne européenne promise à partir de 2021 dans le cadre du plan de relance européen, pour l’heure à l’arrêt, il est nécessaire pour les Etats de se conformer aux recommandations du semestre européen. Parmi ces dernières se trouvent, la nécessaire mise en œuvre de la réforme des retraites.

FP : Elisabeth Borne a tempéré les propos un peu trop économiciste de son collègue en considérant qu’il s’agissait d’une réforme de « justice sociale ». Partagez-vous cet avis ?

FF : Le « fake state » s’emmêle les crayons dans sa communication. L’un dit la vérité, à savoir Bruno Le Maire, qui indique bien la tendance, faire payer au plus grand nombre...

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