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Georges Kuzmanovic : « Jean-Luc Mélenchon a fait une croix sur l’accession au pouvoir par la voie électorale »

ENTRETIEN. Après leurs déclarations sur le Hamas, les cadres de La France insoumise se sont isolés du reste de la Nupes. Pour Front Populaire, Georges Kuzmanovic, président de République souveraine, analyse le changement de stratégie de Jean-Luc Mélenchon, qu’il connaît bien, pour avoir été à ses côtés lors des campagnes présidentielles de 2012 et 2017.

/2023/10/Jean-Luc Mélenchon


Front Populaire : « Jean-Luc Mélenchon m'a dit qu'il était plus que jamais ancré sur la stratégie du bruit et de la fureur, de la conflictualisation. Qu'il fallait y rester pour permettre à la situation prérévolutionnaire de se transformer », a récemment déclaré le député socialiste Jérôme Guedj. Comment décririez-vous la stratégie de Jean-Luc Mélenchon ?

Georges Kuzmanovic : Le grand changement de stratégie de Mélenchon est intervenu en avril-juin 2018. Il s’est concrétisé par la suite, mais il consistait en une rupture radicale avec la campagne présidentielle de 2017, à laquelle j’avais activement participé étant en charge des questions internationales et défense. Son objectif était de devenir hégémonique à gauche, ce qu’il réussira avec la NUPES en 2022 – chapeau l’artiste. Mais pour cela, afin de pouvoir discuter avec le PS, EELV et Génération.s, il fallait revenir sur bien des positions de 2017 : limiter ses critiques envers l’Union européenne ; ne plus parler de régulation de l’immigration (nous avions eu un clash à ce sujet puisqu’il a glissé vers une logique « open Borders ») ; faire défaut sur les questions de sécurité au point de provoquer régulièrement avec des « la police tue » ; avoir une grande perméabilité aux thèses wokistes et plus généralement aux dogmes de la gauche américaine ; détachement d’une position de gauche classique française jusqu’à abandonner certaines valeurs républicaines ; et enfin être permissif avec l’islam politique alors qu’il avait été un de ses pourfendeurs.

Dans le cadre de cet aggiornamento idéologique – qui a entraîné mon départ de La France insoumise (LFI), je fus un des premiers à dénoncer ces dérives –, Éric Coquerel a développé la théorie selon laquelle LFI pourrait trouver les 600 000 voix manquantes lors de l’élection présidentielle de 2017 dans les « quartiers...

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