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Jean-Luc Mélenchon, cet expert en instrumentalisation de la justice

 OPINION. À la pointe de la dénonciation de la justice politisée quand il s'agit de l'Amérique latine, Jean-Luc Mélenchon est souvent moins regardant dans le cas de la France. Régis de Castelnau lève le voile sur les petites hypocrisies du chef des Insoumis.

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Jean-Luc Mélenchon est un critique acerbe de ce que l’on appelle le «Law fare» en Amérique latine. Ce terme désigne ce que les intellectuels latino-américains appellent la «guerre judiciaire du néolibéralisme en Amérique latine». C’est ni plus ni moins que l’instrumentalisation de la justice, qu’elle soit pénale, civile, administrative ou financière afin de se débarrasser des politiques pourtant régulièrement élus, mais qui s’opposent à la mainmise des intérêts nord-américains et financiers sur le sous-continent. Pour les remplacer par des politiciens plus accommodants. L’exemple du Brésil avec l’incarcération de Lula, et la déposition de Dilma Rousseff est le plus emblématique, mais il se passe la même chose dans bien d’autres pays (on recommandera aux hispanophones l’ouvrage rédigé sous la direction de Silvina M. Romano « Lawfare guerra jucial y néoliberaismo en America latina » ou la conférence en vidéo sur le même thème. Ou bien encore pour les francophones, la copieuse préface d’Adolfo Perez Esquivel du livre récemment publié par Charles Onana).

Notre pays n’est pas épargné par cette instrumentalisation politique de la justice et les manipulations judiciaires qu’elle provoque. J’ai tenté de la décrire dans mon ouvrage Une justice politique récemment paru. Il est par exemple difficilement contestable que l’élection d’Emmanuel Macron a été rendue possible par un raid judiciaire visant à disqualifier François Fillon pourtant favori du scrutin. Après quelques errements, Jean-Luc Mélenchon paraissait avoir pris conscience de cette réalité. Il semblait loin le temps où ses partisans, surfant sur le slogan d’extrême droite du «tous pourris», allaient animer à coups de concerts de casseroles les meetings de François Fillon.

Car le leader de La France Insoumise fit à son tour l'amère expérience du lawfare lors de la la perquisition géante d'octobre 2018, qui provoqua sa colère homérique, avec la fameuse phrase lancée à la face des policiers: « ma personne est sacrée »....

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