Jean-Paul Brighelli : « Il faut restaurer la valeur travail »
ENTRETIEN. Un « choc des savoirs » : c'est ainsi que le ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal a présenté ce mardi 5 décembre la batterie de mesures censées rebâtir un système éducatif depuis longtemps à la dérive. Le point avec l'essayiste et ancien enseignant Jean-Paul Brighelli, auteur de La fabrique du crétin (2022) ou encore de L'école à deux vitesses (2023).
Front Populaire : Le dernier classement PISA, sur le niveau scolaire des pays de l’OCDE, est paru ce mardi. Le niveau des élèves français continue de chuter. La France reste dans la moyenne des pays de l’OCDE, mais celle-ci dégringole aussi. Quelque chose vous a-t-il surpris dans ces résultats ? Comment les interprétez-vous ?
Jean-Paul Brighelli : Rien n’a surpris personne dans cette accentuation de la dégringolade. Les usagers de l’Education nationale — enseignants, élèves et parents — savent bien, sauf aveuglement idéologique, que le niveau chute depuis trente ans, sous l’effet combiné du collège unique (1976) de la loi Jospin (1989) et du Protocole de Lisbonne (2000).
Ajoutons à ces trois décisions politiques la raréfaction des candidats de valeur aux postes proposés aux concours — plus d’un millier des postes proposés n’ont pu être affectés, faute d’un niveau suffisant des candidats — et les consignes mortifères des pédagogues qui occupent le ministère depuis que Philippe Meirieu a conseillé Jospin et fondé les IUFM.
Symptomatiquement, c’est en maths que le déficit est le plus marqué, les élèves post-bac les plus doués dans cette discipline préférant jouer la carte des écoles d’ingénieur, le salaire de sortie est sans commune mesure avec les trois oboles que touchent les enseignants. Ce sont donc les moins doués qui se tournent vers l’Education nationale. Quant au niveau « compréhension de l’écrit », comment ne pourrait-il pas s’effondrer, dans un pays qui cumule les mauvaises méthodes de lecture dès le CP et réchigne aux exercices systématiques qui seuls peuvent faire progresser ?
FP : Ce même jour, Gabriel Attal a présenté ses « mesures fortes » : un « choc des savoirs » autour du tétraptyque « Clarté, exigence, science, culture générale »… Au programme notamment : une refonte des programmes scolaires, notamment en primaire. Était-ce une nécessité pour réhausser le niveau scolaire ?
JPB : Les derniers programmes, élaborés...