La présidentielle est-elle devenue une élection lambda ? Pour TF1, la question semble se poser. Le 10 avril, au soir du premier tour et au terme d’un direct commencé à 18 h 30, alors que nous saurons quels seront les deux finalistes et prétendants au poste de président de la République. Une fois passée cette annonce, TF1 ne compte pas s’éterniser outre mesure : à partir de 21 h 20, la chaîne appartenant au groupe Bouygues laissera place au film de Jean-Marie Poiré, les Visiteurs. Les Éric Ciotti, Alexis Corbière, Christophe Castaner et autres Marion Maréchal céderont la parole et le verbe à Christian Clavier, Jean Reno et Valérie Lemercier.

En soi, absolument rien n’empêche la chaîne privée de privilégier une comédie familiale en lieu et place d’un exercice de décryptage austère de fin de premier tour. Mais pour TF1, ce sera tout de même une grande première depuis l’existence de la chaîne. Jamais avant 2022, elle n’avait sacrifié l’analyse de l’exercice démocratique un soir d’élection présidentielle, à une fiction. Déjà critiquée en 2017 (« le Grand Débat ») et ce mois de mars (« La France face à la guerre ») pour l’organisation de débat à la carte, TF1 enfonce ici le clou, prouvant qu’elle n’entend plus subir l’exercice électoral. Quel qu’il soit.

L’œuf ou la poule ?

Une étude Ipsos pour France Info publiée le 12 mars relevait qu’avec seulement 65 à 69 % des électeurs décidés à se déplacer pour aller voter, l’abstention lors du premier tour pourrait dépasser les 30 %, au-delà de l’actuel record de 2002, à savoir 28,4 %. Avec le résultat que l’on connaît : le séisme provoqué par la présence du Front national de Jean Marie Le Pen au second tour. Vingt ans plus tard, c’est pourtant un scénario similaire qui est pressenti.

Oui, mais voilà, l’eau a coulé...