Le cas "Z"
CARNETS DE CAMPAGNE. Les élections présidentielles sont encore loin que déjà, la pléthore de candidats plus ou moins déclarés affute ses lames. Anne-Sophie Chazaud, observatrice attentive de l'arène politique, se penche cette semaine sur le cas de celui qui, pour le moment, défraye le plus la chronique : Éric Zemmour.
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Ah ça, mais c’est qu’il était agaçant ce Zemmour à la fin ! Quoi qu’on fît pour essayer de lui clore le bec, de ne pas le voir, de ne pas l’entendre, l’on se retrouvait toujours par Dieu sait quel sortilège à parler de lui. Rien à faire, il était là, d’un côté, de l’autre, en haut, en bas, au milieu, devant, derrière, à la télévision, puis non, puis si finalement, comme invité cette fois, à la radio, sur YouTube, sur les réseaux, en tournée, de-ci, delà, on secouait la main tel le Capitaine Haddock tentant de se débarrasser de son sparadrap, et hop le revoilà qui surgissait aussitôt bien collé sur l’autre main ou sur un autre doigt. Rien n’y faisait, à l’image de l’Inconscient dont Freud disait qu’on pouvait bien le chasser fermement autant qu’on voulait par la porte : le bougre s’en revenait toujours avec plus de vigueur par la fenêtre, avec à chaque fois la puissance intempestive et accrue de ce qu’on avait voulu refouler.
L’incontrôlable (et infatigable) polémiste polarisait la parole à proportion qu’on tentait de la lui confisquer et probablement même parce qu’on tentait assez maladroitement de le faire : celui que ses soutiens les plus actifs surnommaient « le Z » semblait tirer sa force des vents en apparence contraires et finissait d’ailleurs par en faire un indispensable argument d’autopromotion. Être censuré désormais, c’était un peu comme gagner ses galons dans la Résistance et tant que l’on n’était pas passé au minimum soit par un lynchage, soit par une censure des réseaux sociaux soit par une fréquentation assidue de la XVIIe chambre correctionnelle, l’on ne pouvait plus guère espérer se positionner comme étant « en rupture » d’avec le système idéologique jusqu’alors dominant. Il était donc nécessaire même d’en rajouter quelque peu dans la théâtralisation desdits déboires afin de pouvoir...