Souveraineté

Les différents ennemis intérieurs de l’État : l’expérience israélienne

CONTRIBUTION/OPINION. Dans son ouvrage La Cinquième Colonne (éditions Allia, 1945), le philosophe Alexandre Koyré décrit un phénomène politico-social de contre-révolution préventive.

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Les États démocratiques sont menacés par différentes sortes d’ennemis intérieurs. Pour les identifier, il faut les distinguer afin de comprendre la menace qu’ils représentent. Pour nous aider dans cette tâche, nous utiliserons en partie les outils conceptuels glanés dans un court et passionnant essai du philosophe Alexandre Koyré (1892-1964) à qui nous devons certainement le texte le plus décisif sur la question.

C’est donc dans son ouvrage La Cinquième Colonne, paru en 1945, que Koyré se livre tout d’abord à une distinction essentielle entre les différents « ennemis intérieurs » existants. Koyré explique : « La “cinquième colonne” est l’“ennemi intérieur”. On aurait tort, cependant, d’imiter […] l’usage linguistique actuel et d’appliquer ce terme d’une manière indiscriminée à toutes les espèces différentes d’“ennemis intérieurs” dont l’activité constitue un danger actuel ou potentiel pour l’État. »

Nous devons éviter, dit encore le philosophe, de confondre la « cinquième colonne » avec « l’“ennemi intérieur” » constitué par des groupements de caractère national, animés d’un sentiment de solidarité nationale avec l’envahisseur, ou, du moins de celui de haine nationale contre l’État dans lequel ils sont englobés ».

Disons que dans le contexte israélien, ce type d’ennemis intérieurs, décrit ci-dessus par Koyré, s’apparente en l’occurrence à une partie de la population arabe israélienne qui s’identifie aux djihadistes du Hamas, du djihad islamique, des Brigades des Martyrs Al-Aqsa (Fatah), etc.

La « cinquième colonne », elle, est un phénomène politico-social de « contre-révolution préventive » et surtout un phénomène de trahison. Cette définition décrit en fait l’oligarchie qui craint avant tout de perdre ses possessions et/ou son statut social — nous pouvons dire que le statut social dont jouit un universitaire par exemple est une « possession » symbolique de grande valeur.


Mais de quoi a donc peur l’oligarchie ? Pourquoi décide-t-elle de trahir sa patrie ?


Les « autres » ennemis intérieurs, bien qu’éminemment dangereux et subversifs, ne trahissent pas l’État...

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