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Louis Blème : « Il est urgent de ressusciter les grands repères collectifs »

ENTRETIEN. Étudiant à Science Po Bordeaux, fondateur du média étudiant Gavroche, contributeur au site de Front populaire et secrétaire général du mouvement « Souverains demain ! », Louis Blème publie son premier livre aux éditions l’Harmattan : Le réveil de l’Etat-nation : la revanche de l’histoire.

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Front populaire : L’Etat nation a une histoire particulière en France. Quelle est sa spécificité par rapport aux autres pays ?

Louis Blème : C’est tout l’objet de la préface de Jacques Sapir : centrer le sujet sur la situation française. Car, en effet, si les dynamiques décrites dans ce livre touchent tout l’Occident, elles frappent avec une particulière âpreté la France. Pourquoi ? D’abord du fait de la chronologie. La France est de fait l’un des premiers États-nations, si ce n’est le premier. Déjà au XIIIèmesiècle, l’historienne Colette Beaune a pu montrer, malgré sa pluralité, l’existence d’un sentiment national français, notamment à travers l’ancrage territorial comme dynastique, et la croyance en une destinée divine. Or ce sentiment national n’a pas été créé ex nihilo, mais façonné et poli par l’Etat, monarchique puis républicain. Qu’il s’agisse du passage du titre de « roi des francs » à « roi de France » sous Philippe Auguste (1180-1223), de la fixation de premières frontières sous Saint Louis (1226-1270), de l’ordonnance Villers-Cotterêts de François Ier faisant du français la langue officielle (1539), ou de l’instauration du service militaire (1872) et des lois Ferry (1882), rois et parlementaires ont bien bâti successivement l’Etat-nation français.

Mais à vrai dire, jusqu’à la fin du XXème siècle, la France n’a été que l’aboutissement d’un processus séculaire de centralisation, tant administratif, que linguistique et identitaire. C’est toute la thèse d’Alexis de Tocqueville qui n’a pas pris une ride. Et c’est bien parce que cette continuité a forgé la raison d’être de la France, que la rupture avec celle-ci entamée en 1982 par la mise en œuvre de la décentralisation, et poursuivie en 1992 par le traité de Maastricht transférant ce centre de Paris à Bruxelles, s’avère être particulièrement menaçante pour sa pérennité....

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