Souverainisme2022

Non, Arnaud Montebourg n’est « pas du tout un souverainiste »

ARTICLE. Je ne suis pas du tout un souverainiste. La phrase, lâchée par Arnaud Montebourg ce mardi 21 septembre au micro de Sonia Mabrouk sur Europe 1, pourrait bien faire l’effet d’une bombe chez les partisans d’un retour à la souveraineté nationale. Au point d’interrompre la bonne dynamique dont bénéficiait jusqu'à présent le candidat aux présidentielles dans les sondages ?

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Il ne lui aura fallu que quelques minutes pour doucher les espoirs des nombreux souverainistes qui l’écoutaient, et parfois, même, le suivaient. Arnaud Montebourg, invité ce matin de Sonia Mabrouk sur Europe 1, a peut-être lâché la phrase de trop : « Je ne suis pas du tout un souverainiste ». Sortie du placard maastrichtien ? Simple ergotage sémantique ? Tâchons d’y voir plus clair.

« En même temps » montebourgeois

Il faut bien l’admettre : la ligne politique Montebourg ne manque pas de zones d’ombres. De gauche, il l’est assurément. L’ex-ministre de la Hollandie a d’ailleurs rappelé, ce matin même, sa filiation politico-intellectuelle ; Jean-Pierre Chevènement d’un côté, Pierre Joxe de l’autre. Mais souverainiste ? « Ce n’est pas un gros mot, c’est une case. », réplique-t-il, visiblement agacé, à la journaliste. Et de reprendre : « Je ne suis pas souverainiste. Je suis un amoureux de la France, un militant du “Made in France“. Je pense que nous ne pouvons plus vivre aujourd’hui en ayant perdu la main et le contrôle, donc il va bien falloir reprendre la part nécessaire de souveraineté, mais je suis un pro-européen. »

Un « pro-européen », donc, décidé à ne reprendre que la « part nécessaire de souveraineté. » Douche froide pour bien des souverainistes de gauche, de nulle part et d’ailleurs : Arnaud Montebourg, faute de mieux, défend Bruxelles. Pour l’intéressé, l’ampleur des menaces semble justifier le pacte avec Maastricht. Il cite, pêle-mêle, GAFAM, prédation industrielle de la Chine, grands empires renaissants. Il se justifie, le doigt levé et la voix plus forte : « On a besoin de l’Europe pour être plus forts ! ». Arnaud Montebourg n’évoquera pas ce qui a rendu (et continue de rendre) possible ces menaces : le cadre supranational européen qui érode et neurasthénise les capacités de résilience des États-membres en sapant leurs souverainetés nationales. Rappelons-le : son programme faisait la part belle à la "renégociation"...

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