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Non, RN et LFI ne sont pas « d’accord sur tout » comme le pensent les centristes

ARTICLE. Par paresse intellectuelle, sectarisme, mauvaise foi, idiotie, ou calcul politique, de nombreuses figures du centrisme s'escriment à faire du Rassemblement National et de la France Insoumise deux faces de la même pièce. Mais la fable résiste peu à l’examen des programmes et des positions de chacun.

France convention de la droite
Le philosophe Raphaël Enthoven à la Convention de la droite, Paris, le 28/09/2019Michel Euler/AP/SIPA enthoven


Le duel gauche – droite qui a rythmé notre vie politique des décennies durant a vécu. Mal à l’aise dans le tripartisme, les centristes tente de réhabiliter le bipartisme et s’inventent un adversaire commun : les extrêmes, facile à excommunier et constitués du pôle Rassemblement National et France Insoumise. Cette petite musique, Emmanuel Macron la récite régulièrement. Dernièrement sur C’est à vous, ce mercredi 20 décembre, il déclare : « Son programme économique [celui du RN, ndlr], c’est le programme de l’extrême gauche. Ils sont même pour la retraite à 60 ans. ». On connaît la chanson, mais rien de tel que des centristes convaincus — eux aussi extrêmes ? –  pour l’ânonner fièrement.

Dans son éditorial du numéro 108 du très macronien hebdomadaire Franc-Tireur consacré à la « vague brune », le philosophe Raphaël Enthoven a abondé en ce sens. « À première vue LFI et RN sont juste des populismes jumeaux » qui « hormis l’intersectionnalité et la question migratoire, s’entendent à peu près sur tous les sujets ». Citant ensuite quelques points de convergences supposés : « Macron, UE, Otan, Syrie, Russie, retraites, Gilets jaunes, “médiacratie”, “oligarchie”, scepticisme vaccinal, posture tribunitienne… ». In fine, si « Charybde est détestable », ce ne serait « pas une raison pour lui préférer Scylla ». Dès lors, « Voter RN pour éviter LFI, c’est choisir la fin du monde pour éviter le chaos ». Bonnet blanc, blanc bonnet, comme on disait jadis.


Ce qui les divise


Entendons-nous bien : l’idée ici n’est pas de savoir quel camp choisir, qui seraient les bons et les mauvais élèves de la République, ni même de savoir s’ils appartiennent au « champ républicain » ou pas. Nous laissons aux experts de la profession le soin de décerner les brevets de vertu républicaine qu’ils souhaitent si ça les chante. En l’occurrence, tâchons de répondre...

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