Nucléaire : quand Emmanuel Macron réécrit l'histoire
ARTICLE. En conférence de presse le lundi 5 septembre au soir, Emmanuel Macron a défendu son bilan sur le nucléaire –qu’il aurait, prétend-il, contribué à sauver. Fébrile et agacé, sur un fond de tensions avec l’actuel PDG d’EDF Jean-Bernard Lévy, le président de la République n’a pas convaincu grand monde.
Attention, sujet sensible, n’interrogez surtout pas Emmanuel Macron sur sa responsabilité dans la crise énergétique que traverse la France. Ce lundi après-midi, lors de la conférence de presse qui a suivi un entretien téléphonique avec le chancelier allemand Olaf Scholz, Emmanuel Macron a dû défendre son bilan sur les questions énergétiques. Et s’est livré à un bien curieux exercice de réécriture de l’histoire. « J’ai agi pour que nous puissions sauver la filière nucléaire française », a-t-il rappelé, évoquant son rôle de ministre de l’Économie et de l’Industrie sous François Hollande.
Pendant l’exercice de cette fonction, il aurait « montré [sa] confiance dans le nucléaire à une époque où » il était « plutôt minoritaire ». Une fois devenu président, il aurait eu le mérite de repousser l’objectif de 50 % de part du nucléaire dans le mix énergétique à 2035 contre 2025, objectif fixé alors par François Hollande et issu, à l'époque, d’un accord avec EELV. Pour autant, une petite cure de rafraîchissement est nécessaire : Emmanuel Macron, le grand défenseur autoproclamé du nucléaire, déclarait le 9 février 2017, « ce n’est pas bon d’avoir 75 % de notre énergie qui vient du nucléaire ». Il affirmait alors : « je garderai le cadre de la loi de transition énergétique ». La phrase « je maintiens donc le cap des 50 % » était bien mise en avant, en vert. Et surtout, aucune explication rationnelle ne venait alors expliquer les raisons de ce jugement.
Qu’Emmanuel Macron soit rassuré, le pallier de 50 % de part du nucléaire dans le mix énergétique français a été atteint à maintes reprises cet été. Lundi, pendant la conférence de presse, l’atome produisait près de 55 % de notre électricité. En même temps, la France exportait un peu moins de l’équivalent de la production de l’énergie...