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Roland Hureaux : « Macron est le joueur de flûte de Hamelin »

ENTRETIEN. Agrégé d’histoire, l'essayiste Roland Hureaux a publié récemment L’homme qui n’aimait pas la France (éd. de Paris). Une déconstruction méthodique du quinquennat d’Emmanuel Macron. Nous l'avons interrogé.

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Front Populaire : Dans votre livre, vous avancez que les mesures visant à démanteler nos entreprises stratégiques, à réduire la place de l’État et des services publics, augmenter l’immigration ou encore affaiblir notre position dans le monde, seraient toutes le fruit d’une politique « délibérée » d’Emmanuel Macron.  Qu’est-ce qui vous permet de dire ça ?

Roland Hureaux : Toutes les dérives que vous signalez ne datent pas de lui. Il y avait des tendances à la privatisation systématique  – voyez les autoroutes –, au désengagement de l’État dans les services publics, à la servilité vis-à-vis de l’OTAN ou de l’Union européenne avant lui. Et n’oubliez pas que Macron fut le principal conseiller de Hollande, au moins pour l’économie. Nous l’avons depuis dix ans.

Sur d’autres sujets comme l’immigration, on ne peut pas dire que les gouvernements précédents aient fait du zèle. Mais tout cela s’est accéléré et intensifié avec Macron. Nous avions cédé Péchiney, Usinor, les Chantiers de l’Atlantique (récupérés depuis), mais sur vingt ans ; puis avec Macron nous avons tout à coup cédé ou laissé acheter par l’étranger (avec le feu vert du gouvernement bien sûr) Alstom, Alcatel, Morpho, Lafarge, Technip et autres fleurons industriels. À ce rythme, il ne nous restera bientôt plus rien de français en France.

Il y a toute une philosophie, derrière ces pratiques, qui est celle des milieux mondialistes, de Bruxelles et des grandes banques : le capitalisme dit libéral suppose qu’on ne s’occupe pas de la nationalité du capital des entreprises (même des services publics). Le problème est qu’aucune grande puissance (sauf peut-être le Royaume-Uni) ne fait cela. Surtout pas l’Allemagne, surtout pas les Etats-Unis : essayez d’y acheter une entreprise qui travaille pour le Pentagone, vous verrez. D'autant que l’affaire Alstom touche au noyau dur de notre puissance : la maintenance des turbines de nos sous-marins...

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