Xavier Raufer : « Il faut que la police et la justice comprennent qu’on est en 2025, pas en 1950, et agissent en conséquence »
ENTRETIEN. Dans la nuit de dimanche à lundi, dans un quartier de Villefontaine (Isère), deux maisons où résident des agents pénitentiaires ont été visées à l’arme de guerre. En parallèle, plusieurs prisons françaises ont été attaquées depuis quelques jours. Le parquet national antiterroriste a été saisi. Tous ces événements semblent liés au narcotrafic. Que dit cette situation de l’état du système judiciaro-policier français ? État des lieux avec le criminologue Xavier Raufer.
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Front Populaire : Pour le gouvernement, le narratif officiel est que ces attaques sont le signe que le travail fait pour lutter contre le narcotrafic paie. Qu’est-ce que cette situation dit de la lutte contre le trafic de drogue ? Où en est-on ?
Xavier Raufer : Le ministre de l’Intérieur lui-même a parlé de 65 attaques de natures diverses, graves ou non, du graffiti à la rafale d'arme de guerre, en moins de deux semaines et sur une bonne partie du territoire national. Quel que soit le côté hétéroclite de l’affaire, il a quand même fallu que des individus imaginent tout cela, se concertent, passent à l’acte – donc mobilisent toute sorte d’éléments, armes, produits incendiaires, bombes de peinture, que sais-je – à l'échelle de la France. Et ce, pendant au minimum des semaines. À ces trente à cinquante individus, au minimum, il faut des voitures, des moyens d'échange et de communication, des objectifs donc des repérages… Et nul dans l’appareil régalien n’a rien vu, et encore moins prévu !
Mais qui a préparé et organisé tout ça ? Deux semaines après les faits, on a encore une pathétique cacophonie... Des anarchistes-antifa ? Des bandits ? Gérald Darmanin dit blanc et Bruno Retailleau, noir.
Clairement, l’appareil sécuritaire français persiste dans le rétrospectif, en mode commissaire Maigret : commission d’une infraction, enquête, arrestation, déferrement à la justice. Les ministres donnent comme d’habitude dans le déclaratif ronflant à base de « la République saura se défendre », etc. Et les 27 000 surveillants de la Pénitentiaire (il en faudrait 30 000...) vivent au quotidien dans la peur de voir leur voiture incendiée. Voire de se faire rafaler. En 2024, c’était l’échec tonitruant de l’affaire Mohammed Amra. Nul n’avait compris que ce bandit était ultra-dangereux. Qu’un important gang tribal africain – célèbre sur les réseaux sociaux – allait le faire évader au prix...