Métropoles, petites villes, campagne : le narcotrafic gangrène la France
ARTICLE. La Commission d’enquête sénatoriale sur le narcotrafic en France a rendu un rapport inquiétant pour notre pays. Plus aucun territoire n’est épargné par ce fléau, et l’État semble bien insuffisamment armé pour lutter contre des narcotrafiquants de plus en plus inventifs.
Marseille est tristement célèbre pour ses règlements de compte à coup de pistolets ou mitraillettes, sous fond de trafic de stupéfiants. Mais si Marseille accapare une partie non négligeable de cette lumière médiatique, ces conflits se répandent dans tout le territoire. Outre-mer, petites villes périphériques ou de campagnes, zones rurales isolées… plus aucun espace de notre pays ne semble préservé par le déploiement du narcotrafic. Ce 14 mai, le Sénat a rendu publiques les conclusions de sa commission d’enquête sur l’impact du narcotrafic en France. Ses deux auteurs, les sénateurs Etienne Blanc (LR) et Jérôme Durain (PS) alertent et appellent à un « nécessaire sursaut » pour « sortir du piège du narcotrafic ».
Si historiquement les zones rurales servaient de point d’appuis au trafic, hébergeant des laboratoires et des cultures clandestins, désormais on y trouverait des clients réguliers, entre 800 000 ou 900 000 consommateurs quotidiens de cannabis, avec une percée pour la cocaïne. Pour les deux auteurs du rapport, l’effet de saturation du trafic dans certains territoires pousserait des groupes criminels « à cibler des zones moins peuplées », sachant que « en matière de stupéfiants, l’offre tend à créer sa propre demande ». Quant aux violences évoquées de Marseille, ou de Seine Saint-Denis, on les retrouve également dans des villes moyennes comme « Belfort, Montbéliard, Verdun, Troyes, Valence, Cavaillon, Le Creusot. »
« Si la campagne connaissait bien la tournée du livreur de lait ou de pain, elle connaît aujourd’hui la tournée du dealer ». L’expression peut faire sourire, mais n’en demeure pas moins symbolique de la grande agilité dont font preuve les narcotrafiquants. Le rapport va jusqu’à parler « d’ubérisation du trafic », de « taylorisme » ou de « méthodes de vente particulièrement agressives pour garder ou gagner des parts de marché ». C’est que...