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Drogue à Bruxelles : la Belgique risque-t-elle de devenir un narco-État ?

CONTRIBUTION / OPINION. Plus qu’ailleurs en Europe, la Belgique est gangrenée par un narcotrafic surpuissant, qui défie l’autorité de l’État. La puissance publique perd du terrain et laisse les citoyens livrés à eux-mêmes.

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Crédits illustration : © Shutterstock/SIPA


La scène est tragiquement banale. Elle se déroule à deux pas de chez nous et à trois de chez vous, dans une ville paisible où, naguère encore, on chantait et on brusselait. Affalé au bout du quai, à la station Hôtel des monnaies, un vieillard de quinze ans me regarde sans me voir, sous les yeux contrariés ou indifférents de voyageurs anonymes et pressés. Reliefs de l’injection létale, une seringue indécente, une cuiller, un briquet attestent la violence de notre temps. À l’ombre du palais de Justice, énorme et dissuasif, le droit est désormais hors-la-loi, la justice est expéditive et la mort une peine ordinaire. Le crime organisé connaît, à Bruxelles et ailleurs, une croissance exponentielle, les victimes sont plus jeunes, plus vulnérables, et ne se cachent plus. À Saint-Gilles, à Anderlecht, la cocaïne fait écho à la prostitution, qui gangrène le quartier de l’Yser, avec ses filles de joie tristes, battues ou droguées, et ses proxénètes, réfugiés politiques, savourant, à la terrasse d’un café, la liberté retrouvée.

Les « Autorités » luttent (sic), mais elles manquent de moyens, de courage, et de volonté. Les opérations « coup de poing », le « nettoyage » des quartiers infestés, l’expulsion des drogués (« qu’ils aillent faire ça ailleurs… »), les « salons de consommation », l’enfermement des revendeurs sans papiers, les politiques sociales et sanitaires, sont des emplâtres sur une jambe de bois. Car la drogue est une hydre tentaculaire, prospère, puissante, et les saisies record, une pincée de poudre dans la mer, n’y changeront rien.

Le crime organisé défie les États, corrompt ses rouages, menace l’état de droit ; en Belgique, un ministre est sous protection policière, à La Haye, la princesse héritière est menacée. À Anvers, au Havre ou ailleurs, on relève des cadavres et des blessés, des portefaix sont égorgés, d’autres torturés ; à Marseille, en Seine-saint-Denis, l’État...

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