La nuée sociale
La crise énergétique affecte tous les pays européens, et la crise financière reste sans doute à venir. Dans ce cadre, la France, dont l’industrie et les services publics ont été laminés par l’idéologie néolibérale, est particulièrement touchée. À Davos, les puissants s’inquiètent…
La France entre dans une période économiquement et socialement instable. Les crises sont multiples et on les connaît bien, à force de les égrener. La crise énergétique, qui précède la guerre en Ukraine et est aggravée par elle, tient le haut du pavé, entre prix à la pompe qui montent et cols roulés qu’on nous intime d’enfiler. Elle s’insère dans le phénomène plus large d’inflation, qui tire le pouvoir d’achat vers le bas, affectant particulièrement les ménages les plus modestes. La crise économique, pas de doute, est là : les faillites d’artisans, de TPE et de PME se multiplient ; de nombreuses entreprises consommatrices d’énergie se mettent à l’arrêt, faute de pouvoir payer les factures d’énergie qui explosent.
La France n’est pas la seule à tanguer : la crise énergétique affecte tous les pays européens, provoquant un effondrement de la balance commerciale. La zone euro a un déficit cumulé de 266 milliards d’euros, alors qu’elle était en excédent de 129 milliards en 2021 ; l’inflation, fruit du Everything Bubble, est mondiale ; la crise internationale de la dette menace de provoquer une crise financière majeure, et même les géants du numérique, tels les GAFAM, licencient massivement et essuient des pertes lourdes sur les marchés. Mais la France est, sur plusieurs plans, particulièrement touchée. Notre déficit commercial, de 85 milliards en 2021, atteint en 2022 le chiffre hallucinant de 159 milliards. La crise de souveraineté est générale – industrielle, budgétaire, monétaire, pharmaceutique, agricole – et les Français s’en rendent chaque jour un peu plus compte depuis l’épidémie de Covid. Les services publics sont dans un état catastrophique : l’école manque d’enseignants, l’hôpital public de soignants et les régies de transport elles-mêmes peinent à recruter du personnel. Enfin, mais ce sujet mériterait à lui seul de longs développements, notre pays vit une profonde crise de...