Le XXe siècle fut, à bien des égards, une sorte d’âge d’or des mouvements sociaux. Des grèves de 1936 aux « nouveaux mouvements sociaux » tels que les décrit Alain Touraine, l’engagement militant en Occident a délaissé les luttes sociales pour les combats sociétaux (féminisme, LGBT…). La défense de l’environnement est la version la plus récente de ce cycle. 2022 fut en ce sens un bon exemple de l’émergence de nouvelles actions écologistes médiatiques. À travers les jets de peinture sur les tableaux du musée Mauritshuis de La Haye ou à la National Gallery de Londres, les sit-in sur les voies du périphérique à Paris ou plus récemment les jets de peinture sur des ministères français en janvier 2023, ces jeunes écologistes radicaux mènent des actions illustrant un profond changement de paradigme de l’action militante.

La volonté de contester bruyamment les structures traditionnelles existe depuis longtemps auprès de la jeunesse militante et cela ne présente pas un problème en soi. En revanche, la volonté de mise en scène et la dimension pré-apocalyptique de la démarche sont plus inédites. À bien analyser les images de ces jeunes militants, entre crise de démence savamment interprétées et hurlements face caméra, on comprend qu’il s’agit davantage d’une pulsion narcissique et d’un désir de s’affirmer, que d’un engagement politique humble et élaboré. Symptomatiques du nihilisme de l’Occident aujourd’hui, ces jeunes activistes aux cheveux bleus semblent victimes des maux de notre époque. Si certains de leurs combats sont justes, ils ignorent que leurs méthodes d’action révèlent ce qu’ils sont dans leur nature profonde : les enfants de leur siècle. Anxieux et soucieux d’être reconnus, ils errent à la recherche d’une transcendance que seule la peur de l’apocalypse écologique semble leur offrir.

Face à la technostructure, l’écologie girondine

En matière d’écologie comme dans d’autres domaines (économie, commerce, politique industrielle…), la...