« Selon vous, dans quel ordre chronologique sont apparues les trois grandes religions monothéistes ? ». Telle est l’une des questions posées dans le cadre de l’étude « La connaissance du monde juif par les Français » commandée en février par le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) et confiée à l’Ipsos. S’il n’est pas — sur ce point — question d’antisémitisme, la synthèse des réponses apportées à cette interrogation peut laisser perplexe.

Moins de trois personnes interrogées sur dix savent répondre avec exactitude à la question. 43 % déclarent ne pas savoir ce qu’il en est, tandis que 29 % estiment qu’il s’agit bien d’abord du judaïsme (les premières versions de la Torah datent de 1000 avant Jésus-Christ), puis du christianisme (Ier siècle de notre ère), et enfin l’islam (VIIe siècle après JC). 21 % de l’échantillon interrogé pense que le christianisme est antérieur au judaïsme.

De moins en moins de catholiques

Si cette inculture religieuse découle est à mettre en relation avec une certaine dégringolade du niveau éducatif français, elle est aussi l’une des conséquences directes de la perte d’influence de la pratique religieuse sur et dans la société. Dans son enquête « La France des valeurs, quarante ans d’évolution », le politologue Pierre Bréchon a mis en avant cette évolution. En 1981, les Français se déclarant catholiques représentaient 70,5 % de la population. En 2018, ils n’étaient plus que 32,2 %. À l’inverse, les Français ne revendiquant leur appartenance à aucune religion sont passés de 26,3 à 58 % du total de la population.

Cette enquête traduit une tendance de fond. D’après un sondage IFOP datant d’août 2020 sur « les Français et la culture chrétienne », les moins de 35 ans ne sont par exemple, que 34 % à connaître la signification de la...