Front Populaire : « Nous devons être intraitables », a déclaré Emmanuel Macron ce vendredi, au sujet de l’interdiction de l’abaya à l’école. Cette position intransigeante tranche avec le flou entretenu ces dernières années. Comment expliquer ce revirement politique ?

Éric Anceau : Il y a, depuis un peu plus d’un an, une augmentation très significative des atteintes à la laïcité, en particulier avec le port, par les jeunes filles, de l’abaya. C’est sur ce terrain-là que se joue aujourd’hui la question de la laïcité avant que ne surgissent demain d’autres questions. De nombreux chefs d’établissement sont aujourd’hui complètement démunis face à ce problème, d’autant plus que le prédécesseur de Gabriel Attal, l’actuel ministre de l’Éducation nationale, à savoir Pap Ndiaye, n’avait pas pris de décision tranchée sur le sujet et avait laissé les chefs d’établissement décider, en leur âme et conscience, si oui ou non, ils jugeaient que le port de cette abaya était, dans le contexte particulier de leur établissement, une atteinte à la laïcité.

« La laïcité est un principe républicain qui nous permet de faire société. C'est un principe surplombant nos valeurs – la liberté, l'égalité et la fraternité – et qui permet de les mettre en musique. » 

Gabriel Attal a souhaité agir. En politique, c’est souvent de bonne guerre que de prendre le contrepied de son prédécesseur. Et puisque nous parlons de politique, j’ajoute la raison qui m’apparaît encore plus fondamentale dans la décision récente. C’est le choix du président....