sociétéMédiasFPContenu payant

Béluga-sur-Seine : les leçons d’un feuilleton médiatique

ARTICLE. Le béluga égaré dans la Seine depuis une semaine a finalement été euthanasié ce mercredi 10 août après son transport à Ouistreham. La fin d’un feuilleton médiatique estival qui pose un certain nombre de questions sur notre rapport aux médias et aux animaux.

/2022/08/beluga-seine_1


Une fois n’étant jamais coutume, Jacques Attali n’a pas eu tort de twitter ce mercredi matin : « 80 personnes pour sauver un béluga, c’est magnifique. Combien pour sauver de la faim chaque enfant du monde ? » Si l’on déleste l’interrogation de son carcan démagogique, demeure un sentiment de malaise : difficile d’expliquer un tel tapage logistique et médiatique pour un cétacé, devenu en 24h autant voire plus célèbre que les trois quarts des membres du gouvernement Borne.

Tous médias et tous supports confondus, nous avons relevé plus d’une cinquantaine d’articles parus dans les dernières 72h. Il y a eu d’abord le temps de l’étonnement (beaucoup de mystères autour du béluga dans la Seine), puis le temps des questionnements (quelles issues possibles pour le béluga dans la Seine ?), le temps des déclarations (« le béluga est vivant, mais terriblement maigre »), le temps de l’opération sauvetage (les équipes du Marineland d’Antibes vont intervenir), le temps de la sortie de Seine (le béluga est mort par anesthésie lors de son transfert). Doit-on nous considérer collectivement dans le temps du deuil ?

BFMTV a même été en live tout une partie de la matinée pour suivre les dernières évolutions du dossier. La veille, mardi 9 août, le même média dévoilait une séquence d’un petit reportage de 3’18 minutes réalisé auprès des étudiants précaires. On y apprend, mais l’ignorait-on ?, que deux étudiants sur trois vivent, une fois les factures payées, avec moins de 50 euros par mois. « Clairement, je ne fais pas trois repas par jour. Deux ou un, après, j’aimerais quand même manger à ma faim quoi », témoigne une jeune étudiante. À l’heure où, sur le sol de la 7ème puissance économique mondiale, des étudiants doivent choisir entre se nourrir et acheter des manuels scolaires, est-il réellement d’utilité publique de transformer le sort malheureux d’un cétacé égaré dans...

Vous aimerez aussi