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Boualem Sansal : le « mais » au service des tyrans

CONTRIBUTION / ANALYSE. Boualem Sansal, retenu prisonnier par l'Algérie, a récemment fait l'objet d'un réglement de compte idéologique sur le service public. Pour le philosophe Denis Collin, la défense de la liberté d'expression ne doit pas s'encombrer de « mais ».

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Le service public a généralement fait preuve de peu d’empressement pour parler de l’arrestation de Boualem Sansal et il a surtout donné la parole à tous ceux qui voulaient dire du mal de l’auteur de 2084. France 5 n’a pas échappé à la règle.

Le 24 novembre, sur le plateau de « C politique », on trouvait trois intellectuels et professeurs éminents, Nedjib Sidi Moussa, docteur en sciences politiques et enseignant, Sébastien Ledoux, historien, et Benjamin Stora, historien lui aussi. Les deux premiers profitent de l’occasion pour faire le procès de Boualem Sansal : certes, le gouvernement algérien n’aurait pas dû l’emprisonner, « MAIS »… Mais Sansal est en fait une sorte de Zemmour, il soutient « l’extrême droite » et donc le téléspectateur est invité à penser : « au fond, il ne l’a pas volé ». Sa défense de la langue française serait d’ailleurs une des preuves de son soutien à « l’extrême droite ».

Benjamin Stora, qui fut militant trotskiste dans sa jeunesse et qui, à l’époque, n’avait pas peur de défendre les dissidents soviétiques, sans l’ombre d’un de ces « mais », sans se préoccuper des idées de Grigorenko, Sakharov ou Pliouchtch et bien d’autres, en s’en tenant strictement au principe de la liberté, Stora, donc, en profita pour faire du « mais » à la puissance deux. Interrogé par le présentateur qui lui fait remarquer qu’il y a peut-être un problème moral à dire que l’on condamne l’arrestation d’un écrivain en ajoutant « mais », Benjamin Stora répond : « Il y a un problème moral bien entendu, mais on ne doit pas ne pas avoir de débat ». Et de faire le procès de Boualem Sansal sur l’histoire de l’Algérie, comme si les positions de Sansal sur l’histoire de l’Algérie étaient le problème. Stora ajoute que les propos de Sansal « blessent le sentiment national » (algérien). Un type d’argument qui sort tout droit de l’arsenal woke.

Certes,...

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