En Guadeloupe, le scandale de l’eau potable
ARTICLE. La Guadeloupe est confrontée, depuis plusieurs années, à une pénurie d’eau potable. Un paradoxe pour cette île pourtant largement pourvue en cours d’eau et aux pluies abondantes. L’Assemblée nationale a enfin décidé de se saisir du dossier pour mettre fin à ce scandale sanitaire.
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C’est un scandale sanitaire et public auquel entendent enfin mettre un terme les députés. Le jeudi 28 janvier, l’Assemblée nationale a adopté la proposition de loi de l’élue de la 2ème circonscription de Guadeloupe Justine Benin (MoDem). Ce texte, intitulé “proposition de loi rénovant la gouvernance du service public d’eau potable et d’assainissement en Guadeloupe” propose de lutter contre la pénurie d’eau potable dans l’île.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, l’île fait face à une situation désastreuse. Alors qu’en apparence rien ne l’y dispose : le territoire est soumis à des pluies abondantes et dénombre pas moins de douze cours d’eau qui le traverse. Conséquence, en 2016, la Guadeloupe produisait deux fois plus d’eau qu’elle n’en consommait. Et pourtant, les 390 000 habitants sont confrontés à la pénurie d’eau dans les robinets.
Des problèmes d’eau qui se manifestent par des coupures organisées. Chaque habitant a connaissance d’un calendrier qui lui expose les dates auxquelles il aura accès à l’eau. Le réseau est tellement vétuste, mal entretenu voir méconnu, que les autorités se trouvent dans l’obligation d’organiser une rotation de sa distribution. En 2019, sur les 79 millions de de mètres cubes distribués, seuls 30 millions ont été consommés. Ainsi, c’est 60% de l’eau qui transite dans les tuyauteries qui s’évapore.
Des difficultés qui ont été exacerbées par la crise de la Covid. Le confinement a provoqué une demande accrue et les calendriers de tours d’eau initialement prévus n’ont pu être respectés. Des travaux d'urgence ont été menés pour un total de 980 millions d’euros. Un système de distribution de bouteilles d’eau a même été organisé pour alimenter les habitants.
Une situation devenue - il était temps - intolérable pour le gouvernement. Début janvier,
le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu a exigé que les élus accélèrent la mise...