Nouvelle-Calédonie : une République une… et pourtant divisible ?
CONTRIBUTION / OPINION. Un an après les émeutes qui ont enflammé la Nouvelle-Calédonie, ce morceau de France dans l'Océan Pacifique voit se revenir le spectre des revendications autonomistes. Demain, l'indépendance ?
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Nouvelle-Calédonie, Corse, Polynésie, Guyane : la fièvre autonomiste gagne du terrain. Jamais l’unité française n’a semblé autant mise à l’épreuve, ouvrant ainsi la boîte de Pandore. Notre Etat serait-il devenu sécable ? Il y a encore quelques décennies, l’idée d’un éclatement du territoire français paraissait inimaginable. On associait bêtement l’indépendantisme à des combats du siècle passé, à une époque où la décolonisation redessinait les continents. Et pourtant, nous y voilà : la France doit désormais composer avec des revendications identitaires et politiques qui bousculent son socle constitutionnel. L’article premier de notre Constitution « la République est une et indivisible » semble de plus en plus théorique. La France découvre peu à peu que son unité n’est pas un bloc monolithique mais une construction aujourd’hui fragile, soumise aux revendications locales.
La Nouvelle-Calédonie, laboratoire d’un État à deux têtes ?
Paris et Nouméa, deux capitales dans un même État ? Cette idée, autrefois saugrenue, a pris forme avec l’accord de Bougival signé le 12 juillet dernier. Le texte controversé, paraphé par les loyalistes, indépendantistes, parlementaires ainsi que le gouvernement, marque une rupture absolument historique. Pour la première fois, un territoire français pourrait disposer d’une nationalité propre et d’une représentation diplomatique distincte. Autrement dit, une République dans la République : du jamais vu.
Mais déjà, l’édifice si fébrile semble mal en point. Les indépendantistes kanaks rejettent depuis quelques semaines cet accord, estimant qu’il ne va pas assez loin. Parmi les observateurs, certains s’interrogent sur une problématique constitutionnelle : jusqu’où peut-on concéder sans trahir l’unité nationale ? Les tensions sont vives sur le Caillou, fragilisé démographiquement depuis les accords de Nouméa de 1988 et déstabilisé par trois référendums défavorables portant sur l’indépendance, le dernier en date du 12 décembre 2021. Le processus est encore loin d’être achevé, car il faudra en effet un référendum local pour valider l’accord mais une question plane : que se...