La Macronie voudrait-elle un cinéma aux ordres ?
ARTICLE. Justine Triet, lauréate de la palme d’or de Cannes en 2023, s’est servie de sa tribune pour se livrer à une critique de la gestion gouvernementale du mouvement contre la réforme des retraites. Un discours assez convenu, mais qui a pourtant fait bondir les partisans d’Emmanuel Macron.
La Macronie se frottait les mains. Cette nouvelle palme d’or française, décernée au film « Anatomie d’une chute » de Justine Triet, allait être l’occasion de rappeler l’action gouvernementale en faveur de la culture et de ses acteurs. De la communication à peu de frais et servie sur un plateau d’argent. Mais patatras ! La réalisatrice ne comptait pas faire ce beau cadeau. Ce dimanche 28 mai, elle s’est livrée à une attaque en règle contre le gouvernement. La contestation des manifestants contre la réforme des retraites « a été niée et réprimée de façon choquante », a-t-elle critiqué, avant de conclure que « la marchandisation de la culture que le gouvernement néolibéral défend » allait« casser l’exception culturelle française ».
Crime de lèse macronie. Le cadeau était beau et la gifle reçue, inattendue. « Heureuse de voir la Palme d’or décernée à Justine Triet, la 10e pour la France ! Mais estomaquée par son discours si injuste », s’est indignée la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, pour qui « ce film n’aurait pu voir le jour sans notre modèle français de financement du cinéma ». Et de conclure par un ambigu « ne l’oublions pas ».
« Madame Triet a gâché la fête »
Dans la foulée de la ministre, plusieurs personnalités de la Macronie se sont emballées. « Anatomie de l’ingratitude d’une profession que nous aidons tant », a tweeté le ministre de l’Industrie Roland Lescure, oubliant que le « nous » en l’occurrence s’appelle « les Français » et non tel ou tel gouvernement. Sur BFMTV, le député Renaissance Charles Sitzenstuhl a déploré que « Madame Triet a gâché la fête », tout en considérant que « ce n’était ni le lieu ni le moment de tenir de tels propos politiciens ». Plus menaçant, le tweet d’un autre député du même camp politique, Guillaume Kasbarian,...