Les fausses bonnes idées de l’Institut Montaigne pour l’armée française
ARTICLE. Si le rapport de l’Institut Montaigne met en évidence les lacunes des forces armées françaises et plaide pour un maintien des budgets dans un contexte géopolitique dégradé, les solutions qu’il recommande sont loin d’être adéquates.
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Dans son rapport de 170 pages, l’Institut Montaigne fait un constat simple : l’armée française est mal préparée aux rapides mutations militaires et géopolitiques du monde. La dernière Loi de Programmation Militaire (LPM) 2019-2025 a prévu un budget total de 295 milliards d’euros sur la période. Le think tank demande que cet engagement soit confirmé pour l’année qui vient, dans un contexte international particulièrement turbulent.
En effet, le rapport souligne avec justesse le manque de moyens des armées pour faire face aux défis actuels : terrorisme, cyberdéfense, défense spatiale, pandémie, militarisation des grandes puissances… Les 15 et 16 février prochain, le sommet de N’Djamena va réunir les pays du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) pour tenter de déléguer un peu plus la lutte anti-terroriste dans la région aux armées africaines et demander « plus d’engagements de nos partenaires européens ». Dans ce contexte, le rapport souligne assez justement l’impuissance qu’a la France pour gérer par elle-même des opérations de telle envergure.
Malgré un effort budgétaire notable depuis les attentats de 2015, le chef d’État-Major des armées Lecointre explique qu’il n’a « pas de scénario qui permette de faire face à un conflit de masse ». Une situation qui laisse songeur quand on pense à la Turquie qui s’est récemment montrée si belliqueuse à l’égard de l’Hexagone. Quant à la Chine, ses dépenses militaires annuelles ont bondi de… 521% entre 2000 et 2019 (passant de 43 milliards à 267 milliards d’euros). Les menaces « hybrides » ne font pas disparaître pour autant la possibilité de conflits de « haute intensité ». À ce titre, l’Institut Montaigne indique trois leviers d’actions pour « durcir le modèle d’Armée » : les finances, les ressources humaines et l’innovation.
Il est ironique, de la part d’un think tank libéral, de souligner la nécessité d’un renforcement des moyens militaires, de soutenir « l’autonomie stratégique » alors...