Gilets jaunes

René Chiche : « Les Gilets jaunes valent mieux qu’une prétendue élite »

ENTRETIEN. Agrégé de philosophie et enseignant depuis plus de 30 ans, René Chiche est l’auteur de La désinstruction nationale (2019) publié chez Ovadia. Il a également rejoint l’initiative Le Gouv’, en acceptant le poste de ministre de l’Education nationale. Il revient pour nous sur cette démarche et sa vision de l’école.

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Front Populaire : Pourriez-vous rapidement expliquer votre parcours à nos lecteurs et les raisons de votre engagement dans l’éducation nationale ?

René Chiche : Je suis embarrassé par votre question car vous m’interrogez sur mon « parcours », or c’est un bien grand mot pour désigner un curriculum vitae ne comportant qu’une ligne : je suis professeur de philosophie et, depuis une trentaine d’années en effet, n’ai pour ainsi dire jamais quitté la « classe de philosophie ». Je l’ai connue comme lycéen avant d’y revenir très rapidement comme professeur, ce qui est au fond la même chose car, comme le dit si bien Léo Strauss, un professeur de philosophie est un élève qui ne se distingue de ses propres élèves que par son habitude de prendre des leçons auprès des maîtres, tandis que ce sont les philosophes eux-mêmes, les grands esprits, qui enseignent. Dans « la classe de philosophie », élèves débutants et élèves plus expérimentés recueillent donc ensemble et à loisir les enseignements des grands esprits, et se rendent ainsi utiles les uns aux autres au plus haut point. Dans mon petit livre sur la désinstruction, je consacre un chapitre à cette institution dans l’institution qui faisait partie de notre patrimoine immatériel, une exception française que le monde entier nous enviait et que la réforme du lycée conduite par Jean-Michel Blanquer vient de détruire dans l’indifférence de l’intelligentsia, ce qui en dit long d’ailleurs sur son niveau. Je ne pardonnerai jamais non plus à ce ministre un tel méfait, et ne pardonne pas davantage à Emmanuel Macron la désinvolture dont il a fait preuve en le laissant procéder. Le fait est que, depuis que j’enseigne, je dois défendre ma tranquillité et celle de mes élèves contre une horde de fâcheux qui trépignent à la porte et attendent qu’elle cède sous leurs assauts pour pouvoir enfin y...

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