Référendum sur le Frexit : le gouvernement entre hypocrisie et embarras
ARTICLE. Tout en assurant qu’aucune question n’est écartée, la porte-parole du gouvernement persiste à se persuader qu’un référendum sur l’appartenance à l’Union européenne ne figure pas parmi les doléances des Français. Emmanuel Macron pensait pourtant le contraire il y a quelques temps.
Il en a fait la promesse. Pour qu’enfin « s’expriment dans notre société […] les attentes souvent les plus inexprimées, qui sont celles des milieux sociaux exclus du pouvoir », François Bayrou a annoncé, face aux députés, vouloir « reprendre l’étude des cahiers de doléances ». Ces 220 000 contributions récoltées à l’issue du mouvement des Gilets jaunes étaient laissées lettres mortes jusqu’ici. Mais lors de son discours de politique générale, ce mardi 14 janvier, à l’occasion duquel il a regretté la « négligence » dont a fait l’objet le mouvement, le Premier ministre a promis qu’enfin, les Gilets jaunes, qui « ont dénoncé l’état qu’ils ressentaient de notre société, la division du pays entre ceux qui comptent et ceux qui ne comptent pas », seraient enfin entendus.
« Pas de doute sur la réponse du gouvernement »
Chiche ! Parmi les nombreuses doléances, la question de l’appartenance à l’Union européenne est maintes fois revenue sur la table. À l’issue du Conseil des ministres, le lendemain du discours de François Bayrou, Fabien Rives, journaliste pour le média Off Investigation, a demandé à la porte-parole du gouvernement, si celui-ci « considère que l'appartenance de la France à l'Union européenne fait partie de ces sujets déterminant », mentionnant le fait que sans parler directement de référendum, Emmanuel Macron a exprimé, lors de ses vœux, son souhait de voir les Français « trancher sur certains sujets déterminants ».
Ni une ni deux, Sophie Primas s’est lancée dans une ode sans pareil à l’Union européenne : « L'appartenance de la France à l'Union européenne, elle est fondatrice », commence-t-elle, avant d’aligner les poncifs habituels sur la nécessité de constituer un bloc dans un monde qui se globalise. Au nom du gouvernement, la porte-parole juge « extrêmement curieux » de vouloir quitter l’UE dans ce contexte, concluant qu’elle n’a « pas de doute sur la réponse du gouvernement sur cette question »...