opinionssociété

Peripheria contre Metropolia : la nouvelle lutte des classes

CONTRIBUTION / OPINION. Souvent résumée à un concept abstrait, la France périphérique recouvre une réalité sociale, économique et culturelle tangible. Elle existe autant par elle-même que par opposition à la classe dominante, bourgeoise, citadine et libérale.

france-peripherique-gilets-jaunes
Crédits illustration : ©Robin Letellier/SIPA


Les flux incessants de la mondialisation hyperconnectée nous demandent une adaptation constante aux innovations, aux nouveaux métiers, aux nouvelles perceptions du monde, aux manières d’être au monde. Ces innovations peuvent être technologiques, économiques, anthropologiques et ont souvent comme point de départ les grandes métropoles mondialisées. Elles peuvent bénéficier à l’ensemble de la population. Elles peuvent se répandre rapidement, mais elles peuvent aussi être rejetées ou transformées au fil de leur diffusion sur le territoire.

Or, il existe au cœur de la France Périphérique une forme de conservatisme qui protège ses habitants de certaines innovations, devenues menaces existentielles. Le phénomène qu’il s’agit de décrire est le signe d’une profonde rupture culturelle, symbolique, territoriale sur le sol français. Cette rupture est aussi visible dans d’autres pays occidentaux et se décline dans une dimension géopolitique mondiale.

Le conservatisme des zones périphériques est d’abord un concept né de la géographie linguistique pour décrire la diffusion à partir d’un point central d’une innovation de langage dans un espace donné. Plus récemment, le géographe français Christophe Guilluy forge l’expression France périphérique pour décrire la relégation culturelle, économique et sociale des populations ne vivant pas dans les grands centres urbains.

Cette expression anticipe et décrit le mouvement des Gilets jaunes, très hétéroclite sur le plan politique, elle explique la signification du puissant vote Rassemblement national (RN) sur ces territoires. Pour le géographe, ce vote est d’ordre existentiel avec ces deux acceptions : de l’ordre de l’existence (le mode de vie) et de l’ordre de la survie pour ne pas disparaître (survie sociale, économique, culturelle). Il y aurait donc dans le vote RN une forme de conservatisme des zones périphériques face à des flux d’innovations.

Ici, ces innovations sont sociétales, néolibérales et partent des métropoles mondialisées remplies de diplômés, de cadres supérieurs du tertiaire et étudiants plus ou moins...

Vous aimerez aussi