Guetta (Bernard)
Trotskysme, deuxième gauche, démocratie-chrétienne, européisme, macronisme… Le parcours idéologique de Bernard Guetta (né en 1951) est un sans-faute, mais dans le mauvais sens.
Dans le jeu des sept familles des anciens soixante-huitards, il y a les « trots » devenus journalistes au Monde, les « maos » passés par Libé, ceux qui sont devenus surtout atlantistes, ceux qui ne jurent que par l’Europe. Bernard Guetta fait incontestablement partie de cette tribu. Si son frère David, le célèbre DJ, peut jouer Cara al sol, hymne franquiste, pour égayer les nuits festives, Bernard, lui, ne vibre qu’au rythme de l’Ode à la joie. Bernard Guetta, lycéen, participe au chahut et organise le blocage d’Henri-IV en mai 68. À l’automne, il adhère à la Jeunesse communiste révolutionnaire (JCR), mouvance des jeunes trotskystes.
Il revient plus vite que la moyenne des marécages de l’extrême gauche et se rapproche dès la fin des années 60 d’une « deuxième gauche » bon teint, plus compatible avec la ligne du Nouvel Obs qu’il intègre. De la couverture de la lutte des Lip à Besançon aux voyages en Europe centrale, Bernard Guetta passe gentiment de l’autogestion à l’antitotalitarisme, en bon fils de militant du PSU qu’il est. De la deuxième gauche à l’ultracentre européiste, il n’y a qu’un pas. Entre-temps, le Mur est tombé, Maastricht est passé par là et lui-même s’est adjugé l’étiquette de « journaliste spécialiste de géopolitique ». En 2017, il écrit : « Sans la social-démocratie et la démocratie chrétienne, nos pays ne seraient pas ce qui se fait de mieux au monde, ou de moins mal, ces bastions de la démocratie et de la protection sociale. » Pas un mot sur les effets du dumping fiscal et social encouragés par tous les traités depuis Maastricht, à commencer par les directives qui ont permis l’apparition de travailleurs détachés contournant toutes les règles sociales. Son heure de gloire arrive lors de la campagne du référendum de 2005. Parmi la constellation de journalistes favorables au oui, Bernard Guetta se...