Immigration et remigration : un peu de sérieux !
Pour une certaine droite radicalisée, l’immigration de masse représenterait une forme de « contre-colonisation » de peuplement. Une position diamétralement opposée à celle d’une bonne partie de la gauche, qui pratique sur le sujet un autoaveuglement passionné. L’approche politique se trouve à égale distance de ces deux dogmatismes.
:max_bytes(300000)/frontpop/2025/06/REMIGRATION-21.jpeg)
Au cœur de débats passionnés et souvent polarisés, la question migratoire ne doit pas être réduite à des slogans. C’est pourtant souvent le cas, à gauche comme à droite. Difficile dans ce cadre de penser une régulation de l’immigration qui soit sérieuse, réaliste et humaine. Cette polarisation occulte par ailleurs une vérité fondamentale : la France doit impérativement retrouver sa souveraineté politique, économique et culturelle afin de concilier efficacité, justice sociale et respect de son universalisme républicain. Nous allons y revenir.
Pour comprendre l’aporie d’une vision manichéenne du phénomène, il faut en revenir à une figure tutélaire du socialisme français. Dans un discours de 1894 (1), Jean Jaurès résumait les choses ainsi : « Ce que nous ne voulons pas, c’est que le capital international aille chercher la main-d’œuvre sur les marchés où elle est le plus avilie, humiliée, dépréciée, pour la jeter sans contrôle et sans réglementation sur le marché français, et pour amener partout dans le monde les salaires au niveau des pays où ils sont le plus bas. C’est en ce sens, et en ce sens seulement, que nous voulons protéger la main-d’œuvre française contre la main-d’œuvre étrangère, non pas, je le répète, par un exclusivisme chauvin mais pour substituer l’internationale du bien-être à l’internationale de la misère. » Cette constatation demeure pertinente aujourd’hui, d’autant plus dans un contexte de mondialisation.
Pour autant, le champ médiatique semble bien saturé par deux hémiplégies : d’abord, les discours d’extrême droite qui voient dans l’immigration nord-africaine une forme de « contre-colonisation » ou de « colonisation à l’envers (2) », brandissent le fantasme du grand remplacement et proposent une remigration autoritaire. Ensuite, ceux d’une certaine gauche libérale qui, par moralisme et angélisme, oublient de regarder en face les problèmes réels que pose une immigration incontrôlée. L’idéologie no borders véhiculée par une certaine extrême gauche autogestionnaire refuse toute politique de...