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« Les communistes ont eu bien des adversaires à gauche »

Le communisme a eu bien des thuriféraires au XXe siècle. On sait moins qu’il a eu tout autant d’adversaires farouches. Dans L’anticommunisme en France et en Europe (éd. PUR, 2025), un panel d’universitaires arpente la galaxie des réfractaires à ce qui reste comme la grande religion séculière du siècle dernier. Tour d’horizon avec Olivier Dard, co-directeur de l’ouvrage.

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F.P. : À parcourir les textes de cet ouvrage, on se dit que l’anticommunisme est la chose au monde – ou en Europe – la mieux partagée au XXe siècle. Est-ce un effet de loupe ou une réalité historique ?

Olivier Dard : Ce n’est pas un effet de loupe, car l’anticommunisme est un phénomène structurant de l’histoire européenne et même mondiale du XXe siècle. Notre ouvrage, centré sur l’Europe et le communisme soviétique de 1917 à 1991 ne couvre en effet qu’un des aspects de la question si on songe à l’importance de l’anticommunisme aux Amériques, en Asie ou en Afrique. On se contentera de rappeler ici, sur fond de guerre froide, l’importance des mobilisations nées de la crise de Cuba (1962), le poids des doctrines de la sécurité nationale et de la lutte contre la subversion qui ont structuré les dictatures militaires du Cône sud de l’Argentine au Chili, les guerres de Corée ou du Vietnam en Asie, foyer de régimes communistes d’obédience prosoviétique (Vietnam) ou prochinoise (Cambodge), sans oublier les tensions anciennes et toujours présentes entre la République populaire fondée en 1949 et Formose (aujourd’hui Taïwan) héritière de la Chine nationaliste. L’Afrique de la décolonisation et de ses suites a été aussi marquée par l’importance de l’anticommunisme, en Angola ou au Mozambique par exemple.


F.P. : Comment expliquer qu’une idéologie aussi rassembleuse et prometteuse ait rencontré autant de gens pour la combattre ?

Olivier Dard : Je ne dirais pas que le communisme a été une idéologie rassembleuse dans la mesure où elle s’est construite sur un clivage antagonique fondé sur la lutte des classes et donc sur une logique de division ami/ennemi. Le communisme a cependant été pour ses partisans un formidable espoir, « cette grande lueur à l’Est » célébrée par Jules Romains dans Les Hommes de bonne volonté (1932) ou ce « charme universel d’octobre » analysé...

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