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Les livres du Rond-point

Mon antiracisme, de Kévin Boucaud-Victoire (éd. Desclée de Brouwer) et Face à l'obscurantisme woke, sous la direction d'Emmanuelle Hénin, Xavier-Laurent Salvador, Pierre Vermeren, (éd. PUF).

LIVRES-RP-21


Rédacteur en chef des pages Idées de l’hebdomadaire Marianne, Kévin Boucaud-Victoire propose de repenser l’antiracisme sur une base anticapitaliste.

En 2021, Pierre-André Taguieff considérait dans un livre éponyme que l’antiracisme était « devenu fou ». Pour Kévin Boucaud-Victoire, il est dans une impasse intellectuelle, pris en étau entre deux logiciels militants qui se présentent comme antagonistes et qui sont en fait, selon l’auteur, les deux faces d’une même pièce, le double visage d’un même renoncement. D’abord, l’antiracisme « libéral », dominant depuis son institutionnalisation en 1984 par SOS Racisme qui, sur une base universaliste et rassembleuse, entend finalement intégrer « la diversité » (toute la question étant de savoir à quoi on l’intègre…). Boucaud-Victoire note d’ailleurs l’ambiguïté de l’appel au « droit à la différence » au sein d’un logiciel universaliste – nous sommes tous les mêmes, mais pas complètement. Ensuite, l’antiracisme « politique », formellement né en 2005 en France (mais déjà opératoire aux USA depuis les années 1960) dans le sillage du Parti des indigènes de la République (PIR). Issu des études décoloniales, cet antiracisme se prétend « politique » (depuis 2015) sur la base d’une compréhension « structurelle » du racisme, contrairement à l’approche « personnelle » de l’antiracisme libéral qui serait prisonnier d’une posture « morale » incapacitante. Choisis ton camp camarade ?


Un antiracisme socialiste


Non, justement. Dans la lignée des travaux néomarxistes, et notamment ceux de Florian Gulli, Kévin Boucaud-Victoire montre que ces deux antiracismes forment un même piège et c’est pourquoi, contrairement à ce qu’ils prétendent, ne sont pas si opposés que cela. Sur le plan épistémologique, ils pèchent tous les deux par idéalisme (au sens philosophique) en présentant le racisme comme une espèce de spectre transhistorique. Sur le plan politique, ils veulent redistribuer les cartes sans faire sauter le cadre. Influencé par les auteurs anticoloniaux marxisants (C.L.R. James, Fanon, Césaire…), Boucaud-Victoire s’attelle à montrer que le racisme est un rouage dans la...

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