Les universités populaires : une machine à combattre l’extrême droite ?
En lançant l’Université populaire de Caen à la rentrée universitaire 2002, Michel Onfray se place dans une tradition historique de lutte contre l’extrême droite qui remonte à l’affaire Dreyfus. Retour sur l’histoire des Universités populaires.
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L’histoire est bien connue des admirateurs de Michel Onfray mais il importe d’en rappeler les étapes. 21 avril 2002 : Jean-Marie Le Pen arrive au second tour de l’élection présidentielle, provoquant un « séisme » auquel personne ne s’attendait et dont nous ne sommes, du reste, visiblement, toujours pas sortis. À cette époque, Onfray est encore professeur de philosophie au lycée technique Sainte-Ursule à Caen mais après vingt ans de carrière, il ressent une certaine lassitude. L’année précédente, il a publié son premier best-seller, Antimanuel de philosophie (éd. Bréal, 2001, 100 000 exemplaires vendus) qui synthétise cette longue séquence d’enseignement qu’il voulait déjà alternatif tout en suivant les grandes lignes du programme de préparation à l’épreuve du bac. Indépendant financièrement grâce à ses droits d’auteur, lassé de la machine administrative de l’Éducation nationale (plus que des élèves à qui il conserve son affection), Onfray a le désir de continuer à transmettre au plus grand nombre mais hors des lieux officiels et institutionnels type lycées et universités. Il se saisit alors du 21 avril : au lieu de manifester et de pétitionner, il se dit qu’il serait plus pertinent de lancer une initiative concrète. Il faut combattre le vote Le Pen à ses racines, en philosophe et dans l’esprit des Lumières : l’absence de pensée, de culture, de perspective intellectuelle et d’éducation. En juin 2002, il démissionne de l’Éducation nationale et annonce sur France Inter le lancement de l’Université populaire de Caen (UPC) à la rentrée 2002. C’est un point important : contrairement à ce que certains (Raphaël Enthoven, par exemple) ont pu dire par la suite en se présentant comme « cofondateurs », l’UPC n’a jamais été cofondée, elle a été fondée par Onfray seul et d’autres l’ont ensuite rejoint, en restant plus ou moins longtemps à ses côtés.