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« L’une des pires insultes actuelles est “pétainiste” » – Pour en finir avec Vichy

Vichy, on le sait, est l’exemple type du « passé qui ne passe pas ». Période historique pour le moins complexe, elle continue de l'utiliser comme un sésame dans le débat politique, notamment lors d’enjeux électoraux. Au point de parasiter la réflexion et les débats ?

20-VICHY


F.P. : Dans votre dernier ouvrage, vous parlez de « falsification du discours politique et mémoriel » à propos de Vichy. Que voulez-vous dire et pourquoi ouvrir à nouveau ce dossier ?

Jean-Marc Berlière : Le terme « falsification » vise en fait deux choses. Tout d'abord, en tant qu'historien, je déplore la tendance actuelle de l'historiographie française à tout centrer sur la responsabilité exclusive et unilatérale du gouvernement de Vichy dans les évènements tragiques de cette période ; à un point tel que la responsabilité première des nazis et de l’occupant n'est même plus évoquée. Or, il s'agit d'expliquer, de faire comprendre, et pas de juger. Mes maîtres, dont l’un était un élève direct de Marc Bloch, m’ont inculqué la rigueur et la méthode indispensables au métier d’historien. Cette exigence est loin des préoccupations des historiens devenus idéologues qui peuplent nos médias et développent une histoire réquisitoire, axée sur la repentance, dont le seul mérite est d’être dans l'air du temps. Ensuite, en tant que citoyen, je déplore l'influence exercée par ces historiens sur le discours public commémoratif, dont l'exemple le plus évident, et le plus achevé, nous a été donné par le discours de Pithiviers d'Emmanuel Macron, le 17 juillet 2022. Celui-ci, du simple point de vue de la vérité historique, est aberrant, voire choquant. En effet, le président de la République a présenté ce jour-là la déportation de 76 000 juifs de France : 1) comme une décision française : « Tout cela procédait d'une volonté et d'une politique gangrenée par l'antisémitisme, initiée dès juillet 1940 » ; 2) menée en toute autonomie : « Pas un seul soldat de l'Allemagne nazie ne prit part à la rafle des 16 et 17 juillet 1942 » ; 3) dont la finalité aurait été connue au moment des faits : « Avant de les déporter dans des camps d'extermination ».

Les historiens sollicités se sont bien gardés d'utiliser leur accès...

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