Annie Ernaux, Céline : du « coup de cœur de libraire » au chef d’œuvre
OPINION. La parution simultanée, dans la collection « Blanche » de Gallimard, de Guerre de Louis-Ferdinand Céline et Le Jeune homme d’Annie Ernaux inquiète notre lecteur sur un certain relativisme dans le monde de la littérature.
Genre qui demeure (pour l’heure) inexploré des sciences humaines, le « coup de cœur des libraires » attend désespérément son doctorant en communication. Le doctorant en question, en toute hypothèse, situerait ce genre d’écrit quelque part entre l’étiquette de musée et la note de blog : sa généralisation dans les rayons de « nos » librairies pourrait ainsi être envisagée comme une transposition médiatique de l’expression blogueuse, tandis que le musée, avec son étiquette, fournirait aux commerçants l’analogon indispensable à l’« effet de distinction » qu’ils recherchent pour gommer l’aspect lucratif de leur activité. Avec un peu de chance, la thèse à paraître s’attacherait aussi à étudier les goûts relayés par les librairies à travers les ouvrages par eux sélectionnés, tout en analysant la rhétorique de ces petits billets qui mettent les goûts affichés en évidence. À ces fins, le jeune chercheur constituerait échantillon de ces « coups de cœur », sans doute sourcilleux quant à la représentativité...