Appel du 18 juin: il n’y a pas de fatalité
Dominique Jamet voit dans l’appel du général de Gaulle un refus philosophique de la fatalité.
« L’histoire, c’est la rencontre d’une volonté et d’un événement », a écrit le général de Gaulle. Un destin national, ce peut être la rencontre d’une grande ambition et d’une grande occasion, de circonstances exceptionnelles et d’un homme providentiel.
Les circonstances qui entourent l’appel du 18 juin 1940 ne sont que trop connues : une défaite sans appel, la pire sans doute de notre histoire millénaire, un désastre si écrasant, si humiliant, si complet qu’il semblait sonner le glas, non seulement d’un régime, mais d’un pays, de la République mais aussi de la France, en tant que personne et en tant que puissance. Finis Galliae.
Perdue, éperdue, Marianne, telle la sœur Anne du conte, ne voyait rien venir. Les Jeanne d’Arc n’ont lieu qu’une fois. Si les circonstances étaient bien de celles qui appellent un miracle, nul sauveur n’apparaissait à l’horizon. Ni le président Lebrun, ce patriote lorrain, chef légitime mais inexistant d’un Etat incertain. Ni le président Reynaud, à qui la guerre avait enfin permis d’accéder au pouvoir. Ni Edouard Herriot, président de l’Assemblée nationale. Ni Jules Jeanneney, président du Sénat. Ni Léon Blum, l’homme du Front populaire. Ni Georges Mandel, l’homme de la Défense nationale. Aucun de nos dirigeants politiques. Aucun de nos grands chefs militaires. Clemenceau était mort. Poincaré avait cessé de rire dans les cimetières. Le maréchal Pétain…
Toutes les apparences étaient contre de Gaulle
C’est à un simple colonel, général à titre temporaire, sous-secrétaire d’Etat à la Guerre depuis onze jours, presque aussi inconnu que le soldat qui dormait sous l’Arc de triomphe, qu’il revint de relever le gant, puis le défi, puis la France. Contre l’évidence. Contre la force des choses et la faiblesse des hommes. Contre les sentiments de l’immense majorité des Français.
Toutes les apparences étaient contre Charles de Gaulle, ce militaire qui faisait fi...