L'esprit de résistance
CONTRIBUTION / OPINION. La Résistance ne fut pas qu’un sursaut armé face à l’Occupation, mais l’expression d’un principe vital attaché à l’âme française. Aujourd’hui encore, ce principe doit perdurer. Mais qu’est-ce qui nourrit cet esprit ? Entre rationalité et amour, la capacité à résister se forge bien avant l’épreuve du feu.
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C’est une expérience de la pensée qui anime les comptoirs les plus communs, comme les conférences les plus éminentes depuis plus de quatre-vingts ans : qu’aurions-nous fait durant l’Occupation ?
Pour beaucoup, la réponse semble évidente : nous aurions résisté. Était-il possible de supporter l’invasion de la France sans réagir, alors que d’autres continuaient le combat ? Était-il possible d’accepter la déportation de certaines parties de la population ? Était-il possible de se soumettre à une volonté autre que celle du Peuple ? Non.
Infailliblement, face à une telle affirmation, il y aura toujours quelqu’un pour vous rappeler que les choses n’étaient pas si simples, et c’est très juste ! Imaginez que l’on menace de tuer des membres de votre famille ou vos amis ? Imaginez que l’on s’en prenne à votre propriété, à votre entreprise ? La littérature d’après-guerre jusqu’à nos jours abonde de ces récits, réels ou fictionnels, sur de tels scénarios cornéliens où l’individu choisit rationnellement de collaborer.
Hélas, il apparaît que cette production a inoculé l’idée que, ne pouvant être sûr que l’on collaborerait ou pas en pareilles situations, il n’existerait ni bien ni mal. Ainsi, lorsqu’on y songe, tel citoyen ordinaire avait certainement une bonne raison de collaborer. Et tel milicien ou tel gendarme aussi. Et tel patron. Et tel préfet, et tel ministre ! Et pourquoi pas Laval ou Pétain eux-mêmes ? Bref, il se développe à partir de là un certain relativisme qui, si on le tire aux extrémités de sa logique, tend à pardonner n’importe quoi à n’importe qui. Pire, il en vient à nous faire penser qu’il était inutile de résister.
J’appartiens à une génération assez éloignée désormais de ces évènements historiques, mais il me semble que le poids de l’Occupation pèse toujours sur le peuple français, comme une sorte de culpabilité éternelle qui nous empêcherait d’être fiers de ce que nous...