Art contemporain

Art contemporain et naufrage du goût

Cette catégorie infatuée et dédaigneuse dite "art contemporain" a de bonnes raisons de s’approprier la qualité d’art pour en un mot vassaliser et bâillonner l’art tout entier. Tout ce qui n’appartiendrait pas au monde de l’art dit contemporain serait de facto plongé dans un anonymat humiliant et le priverait de patronyme.

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"Art contemporain", une formule pour définir le territoire protégé d’un art exclusif et idiopathique au sein de l’art en général ? L’art pour tout le monde et l’art contemporain pour les autres...
Une appellation à la mode. Un label de respectabilité. Pourquoi ne pas dire art actuel ? Ce qui serait en accord avec la réalité. Il est clairvoyant de constater que cette catégorie infatuée et dédaigneuse dite "art contemporain" a de bonnes raisons de s’approprier la qualité d’art pour en un mot vassaliser et bâillonner l’art tout entier. Tout ce qui n’appartiendrait pas au monde de l’art dit contemporain serait de facto plongé dans un anonymat humiliant et le priverait de patronyme.

Dans la littérature générale ou spécialisée, il est fréquent de trouver derrière le nom d’un artiste vivant la mention "artiste contemporain". Dire d’un artiste vivant qu’il est contemporain paraît suspect et problématique. L’oxymore est présent. L’artiste en question ne serait ni artiste peintre, ni sculpteur, ni plasticien, ni musicien ou que sais-je encore, il possèderait un titre de noblesse qui le mettrait d’autorité en dehors et au- dessus des catégories intelligibles.

L’adjectif contemporain sacralise l’homme qui le porte et lui confère de jure une distinction rendant inutile toute précision concernant son véritable métier. Il est contemporain voilà tout. Et cela suffirait pour lui faire une place légitime et autorisée dans le savant algorithme du marché de l’art vivant. Dans une tribune parue dans le Monde en 2010 à propos de l’exposition des œuvres de Takashi Murakami à Versailles, qualifiées de "jouets japonais", l’académicien Marc Fumaroli déclarait : « Pourquoi dissimiler au public le fait que l’art dit "contemporain", cette image de marque inventée de toutes pièces par un marché financier international, n’a plus rien de commun, ni avec tout ce que l’on a appelé "art" jusqu’ici, ni avec...

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