cultureCommunautarisme

Bienvenue dans l’ère de la grande déraison

CRITIQUE. Journaliste au Wall Street Journal et au Spectator, Douglas Murray est un polémiste conservateur bien connu du monde anglo-saxon. La Grande déraison, publié cette année chez l’Artilleur, est la seule traduction en français de son ouvrage The Madness of the Crowds. Un ouvrage intéressant dans lequel il interroge notre folie collective.

/2020/11/71rXA9ebGHL

Douglas Murray propose dans son ouvrage d’analyser ce qu’il considère comme la métaphysique de la postmodernité. Métaphysique ? Littéralement et de manière générale : ce qui relève d’un au-delà du monde physique. Particulièrement ici : un récit transcendant qui rend compte du réel en lui donnant un sens. Postmodernité ? Période historique qui succède à la modernité, marquée par la fin des grands récits collectifs, l’atomisation sociétale, la victoire de l’espace sur le temps, la victoire du mouvement sur la fixité, de l’émotion sur l’esprit d’analyse, et une critique générale de l’approche rationnelle du réel.

Car si la postmodernité s’est érigée sur la négation des grands discours collectifs (dans le sillage de l’idéologie du Progrès), elle n’en porte pas moins malgré elle un discours dont l’absence de cohérence finit par tenir lieu de cohérence globale. Ce discours est un ultra-identitarisme porté par un désir de redresser les affronts et les torts supposés à l’égard des nouveaux damnés de la terre : les minorités ethniques, les femmes, les gays, les transsexuels, les queers, les gender-fluid, etc. Supposés, oui, car il est évident que ces parades victimaires n’existent qu’en Occident, là où les minorités sont les plus protégées au monde. Le paradoxe n’est évidemment qu’apparent.

Voilà comment le New York Times (NYT) en arrive à publier, le 11 novembre 2017, un article intitulé « mes enfants peuvent-ils avoir des Blancs comme amis ? », comment un article sur les décès de cyclistes à Londres, peut paraître dans The Guardian, le 13 juin 2018, sous le titre « Des routes conçues par des hommes tuent des femmes », comment un entretien donné par l’acteur sir Ian McKellen au Daily Telegraph, le 10 juin 2016, peut être titré : « Le Brexit n’a aucun sens si vous êtes gay. »

Comme si l’histoire humaine était un balancier perpétuel incapable de trouver un point d’équilibre. Les damnés d’hier...

Vous aimerez aussi