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Bistrorama et éloge de la désinvolture

CONTRIBUTION / OPINION. Dans son dernier livre, La Désinvolture est une bien belle chose (Mialet Barrault éditions), Philippe Jaenada retrace le parcours d’une figure marquante du Paris contre-culturel des années 1950. Un prétexte pour dresser un portrait d’une certaine jeunesse française à travers les époques.

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Apparu sur la scène littéraire en 1997 avec Le Chameau sauvage, lauréat du Prix de Flore cette même année, Philippe Jaenada fait partie de cette génération d’écrivains français influencés principalement par le journalisme rock : comme ses contemporains Ann Scott, Frédéric Beigbeder ou Virginie Despentes (pour citer des univers et styles différents), il va chercher ses influences plus du côté de Patrick Eudeline ou de la lecture de Best et Rock and Folk (on sent qu’il a beaucoup lu les articles de Laurent Chalumeau dans cette revue pendant les années 1980) que du côté de Normale Sup.

Adepte de l’autofiction traitée de façon déconnante et spécialiste de la digression (on adore ou on déteste cette tendance), il publie jusqu’en 2012, après la reconnaissance publique et critique de son premier roman, une dizaine d’autres à l’audience injustement restreinte (il travaille en parallèle comme pigiste pour Voici : il faut bien gagner sa vie…) avant d’obtenir un vrai succès public avec Sulak en 2013 retraçant la vie de Bruno Sulak, le braqueur marginal et décalé des années 1980, en mêlant investigation poussée et autofiction poilante. Formule gagnante (ou filon mercantile ?) qu’il réitère par quatre fois avant de publier en septembre 2024 La Désinvolture est une bien belle chose .

Situationniste


Beaucoup attendaient (redoutaient ?) une nouvelle et redondante enquête sur un cold case à rouvrir, quitte à réellement faire le livre de trop sur ce thème. Pas du tout. Sous prétexte d’enquête sur la vie fracassée et le suicide de Kaki, tout juste 20 ans, dans le Saint-Germain-des-Prés des années 1950, Jaenada se lance sur les traces d’une jeunesse marginale et désabusée qui a trouvé refuge au café Chez Moineau, phare de la culture underground de l’époque débouchant sur la création du mouvement International situationniste de Guy Debord (qui en ressort habillé pour...

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