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Dorure d’orgues : faire vivre la flamme du patrimoine

RÉCIT. Notre lectrice, doreur d’orgues, nous raconte la passion qu’elle éprouve pour son métier si important pour la préservation de notre patrimoine.

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Depuis pas loin de 30 années, je suis le doreur (et non pas doreuse, je déteste que l'on féminise les noms de métiers...) qui intervient sur les buffets d'orgues de Bernard Aubertin, Maître d'Art en Facture d'Orgues. J'ai travaillé sur des instruments fabuleux, avec respect et admiration. Et passion. La Covid et le Brexit ont eu raison de la belle entreprise, et la Manufacture d'Orgues de Franche-Comté a dû plier devant la fatalité, et aussi, il faut bien le dire, l'inculture et l'indifférence de ceux qui prétendent gouverner. L'excellence des métiers rares et la passion du patrimoine n'ont plus droit de cité dans mon cher et vieux pays.

Cet amour de nos métiers, je l'avais écrit dans ce petit texte que je vous envoie : perchée sur les échafaudages d'un des superbes buffets Aubertin, je mettais la dernière parcelle d'or aux flammes des tuyaux de façade, avant le départ du bel instrument vers sa résidence définitive…

La dernière flamme d’or

L’instrument est immense, somptueux, écrasant, il me domine de ses quatre étages de tuyaux, et de dentelles de bois, et moi qui suis la dernière intervenante, celle qui va juste lui accrocher quelques guirlandes brillantes, l’enluminer de flammes d’or, lui suspendre des boules étincelantes, je le regarde s’envoler vers le ciel, en lignes perspectives en route vers l’infini…

Je viens de finir mon travail, la cerise sur le gâteau, après que soient intervenus, jour après jour, mois après mois, les ébénistes de son buffet entièrement chevillé (il n’y a pas un seul clou, une seule vis, dans cette merveille), bâti de chêne cinquantenaire, aux veines douces, au poli tendre, vivant, parfumé, chaud sous la main, et puis les tuyautiers, bois et métal, et enfin les spécialistes de l’harmonisation, faisant chanter chaque tuyau, l’un après l’autre, toutes ces voix aux noms si...

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