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Lars von Trier, l’amour du difforme

CONTRIBUTION / OPINION. Pessimiste, amoral, le cinéma de Lars von Trier est, malgré son apparence subversive et inacessible, emprunt de tous les tourments de l'époque. Analyse de l’œuvre déroutante du réalisateur danois.

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Crédits illustration : © Vianney Le Caer/AP/SIPA


« Quand un artiste veut être plus qu’artiste, se veut par exemple le moralisateur éveillant son peuple, il finit par s’éprendre pour sa punition de quelque monstre de sujet moral, — et la Muse de rire : cette bonne déesse peut aussi devenir méchante par jalousie. » Friedrich Nietzsche, Humain trop humain II, Sortir de ses limites

Points de repère


Lars von Trier est un réalisateur danois, actif de 1984 à 2022. Il semble, malheureusement, davantage connu du grand public pour des petites phrases au festival de Cannes ou diverses controverses de tournages, que pour ses films en eux-mêmes.

La majorité de son œuvre s’articule en différentes trilogies thématiques et stylistiques :

  • Europa trilogy : The Element of Crime (1984), Epidemic (1987), Europa (1991)
  • Golden Heart trilogy : Breaking the Waves (1996), The Idiots (1998), Dancer in the Dark (2000)
  • Land of Opportunities trilogy (inachevée) : Dogville (2003), Manderlay (2005)
  • Depression trilogy : Antichrist (2009), Melancholia (2011), Nymphomaniac (2013)

Son dernier long-métrage, The House That Jack Built, date de 2018. Lars von Trier a également réalisé des comédies plus légères, typées canular ou satire : The Five Obstructions (2003), The Boss of It All (2006) ; ainsi qu’une série, The Kingdom, en trois volets (1994, 1997, 2022). Il annonce en 2022 être atteint de la maladie de Parkinson.

Une mise en scène contrastée


Après des théories de jeunesse très restrictives, avec l’ultraréaliste « Dogme 95 », dont il s’est rapidement éloigné, le cinéaste semble en être venu à la conclusion suivante : le meilleur moyen de représenter le réel n’est peut-être pas de le dépeindre tel qu’il est, mais plutôt tel qu’il est perçu par l’homme.

Dans sa manière de filmer, il passera ainsi de l’imposée caméra « au poing ou à l’épaule », à des plans finalement très variés, particulièrement crus ou esthétisés. Ses prises de vues intra-scène paraissent souvent aléatoires...

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