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Delon, Belmondo : itinéraire d’un talent gâché

CONTRIBUTION / OPINION. Les carrières d’Alain Delon et de Jean-Paul Belmondo se suivent et se ressemblent, tant dans les succès que dans les échecs. Portrait croisé de deux géants du cinéma français qui nous ont quittés à trois ans d’intervalle.

Delon-Belmondo-Borsalino
Image tirée du film Borsalino dans lequel jouent les deux acteurs.Crédits illustration : © BONNOTTE JEAN PIERRE/SIPA


Du charisme débordant et du magnétisme animal déployés de façon naturelle pendant moins de dix ans, de ses débuts au théâtre sous la férule d’Elia Kazan à son incarnation ultime du rebelle sans cause dans L’équipée sauvage, jusqu’à la disgrâce de son exil doré sur les collines de Beverly Hills dont la décrépitude physique n’en avait que plus de valeur symbolique, la figure de Marlon Brando représente mieux que toute autre la grandeur et le déclin de la star – tout du moins l’image que l’on s’en fait et la part de fantasmes que l’on veut bien y projeter.

Si, vu de France, c’est la personnalité de Brigitte Bardot, son statut et son parcours, qui semblent se rapprocher le plus de cette vision de la star du grand écran d’abord triomphante puis plus ou moins volontairement sabordée, ce sont pourtant deux autres noms a priori vus comme des gagnants qui viennent à l’esprit pour évoquer cette idée du talent gâché et dont les parcours étrangement similaires reviennent au premier plan du fait de l’actualité.

Faux jumeaux


Décédé ce 18 août, Alain Delon partageait plus qu’on ne le pense avec son éternel double Jean-Paul Belmondo, disparu en 2021. Loin d’être une rivalité factice entièrement fabriquée par la presse sur le modèle Beatles/Rolling Stones ou Prince/Michael Jackson, des groupes et artistes différents et complémentaires, les deux acteurs se ressemblaient bien plus qu’il n’y paraît. Tout d’abord, aucun des deux n’était destiné à faire carrière dans le cinéma et ils sont, l’un comme l’autre, pourtant nés sous les meilleurs auspices : Delon chez René Clément et Visconti, Belmondo chez Godard.

L’année 1960 les sacre tous les deux et inaugure deux carrières d’une richesse exceptionnelle pendant quinze ans, chacun dans son couloir bien distinct : la fureur de vivre à la française pour Belmondo, déconnant...

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