Faut-il redonner une place au roman national ?
DÉBAT. Le concept de « roman national » renvoie surtout à l’Histoire comme elle était enseignée aux enfants sous la IIIe République, et semble quelque peu dépassé aujourd’hui, mais beaucoup réclament son grand retour. Faut-il donc redonner une place au « roman national dans les manuels scolaires ou appartient-il au passé ? C’est le débat de ce vendredi.
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L’expression « roman national » a été inventée sous le Second Empire par un duo d’écrivains alsaciens (Erckmann-Chatrian) dans Le Fou Yégof (paru en 1864). Elle a dès lors été reprise pour désigner un genre de fiction, dans lequel la nation est le premier protagoniste de l’histoire, comme dans les écrits de Jules Michelet sur l’Histoire de France par exemple. Pour ce qui est de l’expression « roman national » comme on la conçoit aujourd’hui, elle trouve quant à elle son origine au début des années 1990 lorsque des penseurs de gauche (dont Pierre Nora) l’ont décrite comme « la fable que le pays se raconte à lui-même ».
Entamé par les Capétiens, les premiers à proposer une historiographie conséquente du Royaume, le roman national a souffert et les derniers mythes (France toute résistante, colonisation « heureuse » de l’Algérie) sont tombés. Le roman national a même été quelque peu supplanté depuis par le roman « marxiste » ou surtout, le roman « républicain ». Devons-nous nous en satisfaire ou au contraire, redonner une place au roman national dans les manuels scolaires de nos enfants ?
Le roman national devait permettre la réconciliation de la France
C’est à une histoire « romantisée » de la France que fait référence aujourd’hui l’expression « roman national », plus précisément celle enseignée aux enfants de la 3e République à partir de 1870, et qui avait l’objectif d’éveiller leur patriotisme et leur civisme au prix de quelques mythes… Ernest Lavisse lui-même (qui écrira le fameux manuel Lavisse) est allé étudier la société allemande pour comprendre les raisons de l’humiliation de 1870. Conclusion de son périple : les Prussiens (devenus Empire Allemand) ont gagné grâce à l’école. De là naissait la vocation française de mettre en place une école républicaine et son armée d’instituteurs (« les hussards noirs de la République » si bien décrits par Charles Péguy).
Cette Histoire de...