Front Populaire : Vous prenez dans votre livre Voyages dans l’histoire de France le parti pris de livrer des “grands récits”. La “grande” Histoire est-elle selon vous une toile tissée de “petites” histoires?

Guillaume Perrault : Je choisis, pour faire partager mon amour du passé, de peindre des personnages. Raconter la grande histoire à travers des destins individuels est toujours plus «prenant» et facile d’accès qu’un cours universitaire. S’intéresser à des hommes et des femmes qui ont vécu voilà plusieurs siècles, entrer en sympathie avec eux, nous guérit de l’indifférence envers ceux qui nous ont précédés. Pour autant, je m’attache à éviter l’anachronisme, qui consisterait à prêter, à ceux qui ont vécu jadis, nos propres sentiments. Je crois aussi à la permanence de la nature humaine et de certaines questions politiques, qui autorisent des rapprochements prudents entre hier et aujourd’hui lorsque c’est pertinent.

Ce choix de raconter des histoires s’accompagne d’un souci de rigueur. Mes récits s’appuient sur une documentation très sérieuse. Je m’efforce à l’exactitude. Rien ne me rendrait plus heureux que la certitude d’avoir restitué avec véracité un épisode du passé… et contribué au plaisir du lecteur !

FP : Les quinze “grands récits” de l’histoire de France sélectionnés s’étalent «de Louis XIV à nos jours». Pourquoi avoir choisi ces bornes chronologiques?

GP : Mon premier chapitre porte sur les innombrables maladies que le Roi-Soleil a affrontées au cours de sa vie. C’est une façon originale de raconter son règne. Mon dernier chapitre porte sur la vie et l’œuvre de Raymond Aron, un penseur toujours précieux pour éclairer le XXIe siècle. Entre ces deux bornes, des moments-clés de notre histoire et des thèmes qui traversent les âges sont illustrés par des récits : l’incroyable faillite de la banque de John Law; Marie-Antoinette et Fersen dans la tourmente de la Révolution; les vérités qui dérangent...