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Il y a 70 ans, la CECA, mère de l’UE, était créée…

ARTICLE. Conçu comme la consécration du plan Schuman, le traité de Paris du 18 avril 1951, signé entre le Benelux, l’Italie, la RFA et la France, institue la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA). Mythe fondateur de l’UE et de la paix franco-allemande, il est aussi le point de départ d'une Europe économique et libérale. 

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L’après-guerre, une opportunité politique sans précédent

C’était un 18 avril 1951. Les représentants de Belgique, du Luxembourg, des Pays-Bas, de l’Italie, de la RFA et de la France se réunissent, près d’un an après le fameux discours de Schuman, révélant le projet d’une communauté européenne. L’occasion pour eux de matérialiser « l’idée » de Jean Monnet, sous influence américaine, de la construction d’une entité politique supranationale en Europe.

Le mot d’ordre de cette nouvelle création ? « Toute guerre entre la France et l'Allemagne non seulement impensable mais matériellement impossible », selon le mot de Schuman. Le moyen pour y parvenir ? Constituer un marché unique du charbon et de l’acier, grandes industries essentielles pour la guerre. Autre objectif majeur : « soutenir massivement les industries européennes du charbon et de l'acier pour leur permettre de se moderniser, d'optimiser leur production et de réduire leurs coûts, tout en prenant en charge l'amélioration des conditions de vie de leurs salariés et leur reclassement en cas de licenciement ».

On voit dès la création de cette CECA que l’Europe est une coquille vide fondée sur des rapports purement économiques. Et pour cause, l’histoire est évacuée car elle est considérée comme responsable des affrontements guerriers intra-européens. Il faut donc penser une Europe post-historique, une Europe économique pacifiée par le « doux commerce », selon la formule de Montesquieu.

La CECA est le premier acte de l’intégration communautaire par la voie du marché, voie que suivront ensuite la Communauté économique européenne (CEE), puis l’Union européenne (UE). Une Europe de l’argent qui n’a jamais été véritablement politique. Dans L’Europe fantôme, Régis Debray note : « Monnet et Schuman, adeptes d’une stratégie furtive, voulurent et réussirent, en avançant masqués, à lancer l’Europe économique pour accréditer et acclimater un agenda politique. Leur conviction était que d’un Marché commun sortirait, par une succession de petits pas, une Europe fédérée,...

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